L’Agriculture algérienne reste hyper-dépendante de l’aléa climatique et du déficit en ressources hydriques. Les prévisions liées au manque d’eau et à leur impact sur le rendement de la terre font état d’une baisse de production de 40%. Les eaux épurées, les nappes phréatiques et l’économie de la ressource sont préconisées pour réduire les contreperformances d’un secteur vital pour la sécurité alimentaire déjà menacée du pays.

Par Khaled Remouche
Le manque d’eau enregistré dans différentes régions du pays aura certainement des répercussions sur la production de plusieurs secteurs et sur une branche, et non des moindres, l’agriculture. Le gouvernement prévoit, en effet, une chute de 40% de la production agricole en raison du déficit en ressources en eau en 2021. Ce qui montre que l’agriculture algérienne reste hyper dépendante de l’aléa climatique. Que les pluies arrosent en abondance l’Algérie et l’Algérie enregistre des récoltes importantes, notamment en céréales. Que le pays subisse la sécheresse et on assiste à un déclin de la production des principales spéculations, principalement le blé. Telle est la tendance observée par les spécialistes de l’agriculture algérienne depuis des décennies. Pourtant, les solutions préconisées depuis des lustres par des experts permettent d’atténuer le phénomène et de réduire de façon importante la chute de la production agricole. En premier lieu, l’utilisation des eaux épurées. L’Algérie a réalisé de gros investissements, de 2000 à 2018, dans la réalisation et la maintenance de stations d’épuration. Le résultat aujourd’hui est que les quantités d’eaux épurées, destinées à l’agriculture, représentent une part insignifiante de ses besoins en eau. Alors que celles-ci, si le dossier est bien géré, pourraient réduire la perte de production. La seconde solution est l’économie de l’eau. Le pays enregistre depuis des décennies un grand gaspillage d’eau dans le sud du pays. Dans ces régions, qui bénéficient d’immenses nappes phréatiques qui traversent le sud, du sud-est au sud-ouest, des consommations de 500 litres/jour par personne sont enregistrées. Bien utilisées, les productions agricoles du Sud auraient pu pallier les sous-productions dans le Nord et les Hauts-Plateaux.
N’oublions pas que pendant les années 2000 étaient programmés les projets de transfert d’eau du Sud, c’est-à-dire de ces immenses nappes phréatiques vers les Hauts-Plateaux, des régions à fort potentiel de production en céréales, telles que les zones de Constantine, de Sétif.
Cette chute de la production, très significative, aura un impact sur la facture des importations, puisque celles des céréales et d’aliments du bétail seront plus importantes le premier semestre 2022.
Cette chute de production pourrait avoir des effets sur les prix des produits agricoles par effet mécanique d’une offre en-deçà de la demande et sur le pouvoir d’achat des ménages. Il est temps de faire les états généraux du secteur de l’agriculture qui connaît divers dysfonctionnements, la faiblesse des rendements, le blocage de dossiers d’investissements importants, déposés par des investisseurs nationaux, le grand retard dans les grands projets d’irrigation des terres, le morcellement des terres agricoles… C’est autour de solutions techniques à ces problématiques que devrait s’engager la modernisation de l’agriculture algérienne. Il faut également que se conjugue une ferme volonté politique d’appliquer ces changements adéquats préconisés par les vrais spécialistes de l’agriculture et forts attendus par les agriculteurs. Le dossier agriculture a été examiné hier en Conseil des ministres. <