Les Assises nationales du cinéma se sont clôturées, avant-hier, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria avec la rencontre des représentants d’association et de cinéclubs, en présence du directeur de la Cinémathèque algérienne Salim Aggar, du directeur du Centre national de la cinématographie et de l’audiovisuel Mourad Chouihi et présidé par le secrétaire d’Etat chargé de l’industrie cinématographique Bachir Youcef Sehairi.
Les membres des associations cinématographiques et des cinéclubs ont souligné l’importance de récupérer les salles de cinéma avec l’intention de ressusciter le cinéma algérien, ce qui «ferait bouger les choses » grâce aux activités culturelles des associations et des cinéclubs. Ils ont également demandé de meilleures conditions de projection, la réouverture des salles inexploitées actives et la « revitalisation » des espaces existants. Les représentants des associations et des cinéclubs ont aussi appelé à l’organisation d’ateliers de formation pour les cinéastes amateurs et à « régler sans délais le problème des visas d’exploitation des films algériens», une procédure qu’il juge « lourde et restrictive pour la liberté de créer ».
Parmi les associations qui ont pris la parole lors de ces assises, l’association « La Grande Maison» de Tlemcen, qui a mentionné que le premier problème dont elle souffre est l’absence d’espaces pour organiser des spectacles et des ateliers, des festivals en lien avec le septième art. Ils ont également soulevé la problématique de travailler en partenariat avec les institutions culturelles de l’Etat et la possibilité d’obtenir des financements pour concrétiser leurs activités dédiées à la promotion du septième art en Algérie. Nadir Ben Hamed, du cinéclub « Darb Cinéma » de l’association «La Grande Maison» de Tlemcen, a déclaré que « rien n’est clair pour nous en tant que cinéclub, même ce que l’on attend de notre présence à cette rencontre. C’est pour cela que beaucoup d’associations et cinéclubs ont refusé de venir aujourd’hui ». Il a poursuivi en s’insurgeant sur le fait qu’il y a des films algériens qui sont plus vus à l’étranger qu’en Algérie à cause de la situation gravissime de la distribution en Algérie mais aussi à cause du fameux « Visa d’exploitation » qui handicape lourdement la programmation de projections de films. Toutefois, il conclut son intervention sur une note d’espoir en déclarant : «Cela fait plus de trois ans que nous combattons, mais nous avons l’impression que nous avons en face de nous des oreilles sourdes. On reste quand même optimistes. » Amine Hafhaf, de la même association de Tlemcen, déclare pour sa part : «Nous avons organisé, récemment, des journées cinématographiques à Tlemcen. Lors de ces journées, nous avons lancé un appel pour les cinéclubs algériens dont beaucoup ont répondu positivement. Nous nous sommes tous réunis lors d’un atelier de travail afin de clarifier notre mission au sein de la société, de définir les objectifs de chacun et de travailler ensemble pour les atteindre. Cela a été fait de notre propre initiative commune sans aucun soutien des responsables étatiques.»
Pour sa part, le directeur de la Cinémathèque algérienne, Salim Aggar, répondra à leurs doléances affirmant que «je suis un peu étonné de vos propos, car j’ai ouvert les portes de la Cinémathèque de Tlemcen à votre association et vous y avez organisé le festival qui s’est très bien passé ». Concernant les demandes de subvention exprimées par plusieurs représentants d’associations et de cinéclub présents, Salim Aggar répliquera que «la Cinémathèque algérienne est une entreprise publique administrative et non pas une entreprise publique à caractère commercial (Epic). De ce fait, nous n’avons pas de chéquier et nous ne pouvons pas partager la recette de la billetterie, c’est de l’argent qui va directement au Trésor». Par ailleurs, les producteurs et réalisateurs ont, de leur côté, souligné, lors d’une séance qui leur a été consacrée, que la restauration des salles de cinéma est la principale solution au problème de la distribution des films, qui est le maillon le plus faible de la production cinématographique algérienne. Les participants ont également discuté de divers problèmes auxquels est confrontée cette production, tels que l’absence de soutien aux jeunes producteurs dans les willayas de l’intérieur, le non-prélèvement de taxes et l’exonération des frais d’importation de matériel cinématographique, ainsi que la bureaucratie dans l’octroi et l’exploitation des licences. A ce sujet, Bachir Youcef Sehairi a répondu que le secrétariat d’Etat œuvrait à « trouver des solutions au problème de récupération et d’exploitation des salles de projection».
Producteurs et associations activant dans le cinéma ont demandé de leur côté des mécanismes d’encouragement au court métrage et au film documentaire, ainsi que la multiplication d’ateliers de formation et d’écriture cinématographiques en associant les professionnels algériens.
Project’heurt et «CinéFeel» boycottent la rencontre
Dans un communiqué parvenu à notre Rédaction, l’association Project’heurt de Béjaïa et CinéFeel ont affirmé qu’ils ont décidé de ne pas assister aux Assises nationales du cinéma car « le but de la réunion n’a pas été mentionné et aucun document n’a été mis à la disposition des cinéclubs. Project’heurt et CinéFeel ne répondront pas à cet appel non acté en perpétuant des pratiques qui sont contraires à ce que nous défendons. Les deux associations ont ajouté dans le communiqué que «nous ne sommes pas des pions à placer où bon leur semble et nous méritons une complète transparence en ce qui concerne ces réunions, faites dans on ne sait quel but ». Affirmant qu’«il serait hypocrite de notre part de participer à ce genre de manifestation, organisée par une administration qui ne se renouvelle pas et qui a été maintes fois dénoncée». Les deux associations signataires du communiqué ont assuré qu’«elles continueront d’assurer leurs cinéclubs respectifs à Béjaïa et Sétif comme cela a toujours été fait et ce depuis plusieurs années malgré les entraves qu’elles rencontrent».