En ce qui concerne l’assaut contre la ville de Tessit, l’état-major de l’armée malienne parle d’utilisation d’armes sophistiquées et de possibilité d’appui militaire de haut niveau pour les assaillants.

Synthèse Lyes Sakhi
Au moins 17 soldats et 4 civils ont été tués dimanche, 9 autres militaires sont portés disparus, après une attaque attribuée à des jihadistes dans la ville de Tessit située dans la zone dite des trois frontières entre Mali, Burkina et Niger. Le bilan est «toujours provisoire et susceptible d’évoluer», selon un communiqué de l’armée malienne diffusé lundi, qui dit avoir tué sept ennemis «vraisemblablement de l’Etat islamique au Grand Sahara et bénéficiant d’un appui drones et artillerie avec un usage des explosifs et véhicule piégé».
«Les opérations clandestines et non coordonnées de survol enregistrées par les forces armées maliennes (Fama), dimanche et lundi, confirment la thèse que les terroristes ont bénéficié d’un appui majeur et d’une expertise extérieure», assure l’armée lundi soir, sans donner plus de précisions. L’état-major malien fait également état de 22 blessés dans l’armée, d’importantes pertes matérielles dont trois véhicules détruits et des dommages sur d’autres véhicules, les installations Fama et les habitations des civils.
Certains civils tués sont des élus locaux, ont rapporté à l’AFP des proches des victimes sous le couvert de l’anonymat. Du côté «ennemi», outre les sept tués, l’armée évoque «un nombre inconnu de morts et blessés emportés par les assaillants». Un précédent bilan de l’armée donnait 4 soldats et 2 civils tués, ainsi que 5 morts «côté ennemi».
Le secteur de Tessit, située du côté malien de la zone des trois frontières, dans une immense région rurale broussarde non contrôlée par l’Etat, est fréquemment le théâtre d’affrontements et d’attaques. Les groupes armés affiliés à Al-Qaïda, rassemblés sous la houlette du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe), y combattent le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), affilié à l’organisation EI. Les jihadistes cherchent le contrôle de cette zone stratégique et aurifère. L’armée malienne, installée dans un camp militaire à côté de la localité de Tessit, a également souvent été prise à partie dans cette région et notamment à Tessit.
Dans cette zone parfois appelée le «Gourma malien» opèrent également des Casques bleus de la mission de l’ONU au Mali. Quant aux civils, comme ailleurs au Mali, ils sont pris entre les feux de ces acteurs du conflit, et accusés d’être alliés avec l’un quand ils ne le sont pas avec l’autre. Les habitants de la zone ont fui par milliers, notamment vers la grande ville voisine de Gao, à quelque 150 km au nord. La région de Tessit, comme l’ensemble de la zone dite des trois frontières, est d’autant plus enclavée durant la saison des pluies où une importante pluviométrie empêche d’y accéder et circuler facilement. Dimanche 7 août, des hommes armés ont visé dans une embuscade un véhicule de la police des frontières à Sona sur l’axe Koury-Koutiala dans le sud du pays. Lundi 8 août, Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) ou Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), la branche officielle d’al-Qaïda au Mali, a revendiqué cette embuscade au moment de la relève descendante du Poste de police Frontière de Sona. L’attaque a fait cinq policiers tués, un blessé et trois portés disparus.
Par voie de communiqué , le JNIM a annoncé que le «dimanche 7 août 2022 les moudjahidines ont tendu une embuscade à l’armée malienne entre Koutiala et Koury dans la région sud de Sikasso».Et d’ajouter : «La bataille a commencé par la destruction d’un véhicule blindé de l’armée et cinq d’entre eux ont péri, puis les frères ont avancé vers eux avec des tirs en capturant un soldat. 5 Kalachnikovs, 5 pistolets, 12 chargeurs et 432 munitions, téléphones et autres appareils ont également été saisis». Le JNIM avait revendiqué, le 23 juillet dernier l’attaque kamikaze avec deux véhicules piégés bourrés d’explosifs contre une installation de la Direction du matériel, des hydrocarbures et des transports des Armées (DMHTA) à Kati le 22 juillet près de Bamako.Lors de cette attaque, sept terroristes ont été neutralisés, un soldat a été tué, tandis que six personnes, dont cinq militaires et un civil, ont été blessées
Le Mali connait ces dernières semaines un regain de violence terroriste portant la marque de groupes armés jihadistes. Leur présence, d’abord confinée dans le nord du pays, s’est étendue au centre et au sud du Mali, ainsi qu’aux Burkina Faso et Niger voisins. n

Le Mali reçoit de nouveaux équipements militaires de Russie
Le Mali a réceptionné mardi de nouveaux équipements militaires, dont cinq avions et un hélicoptère de combat, livrés par son partenaire russe, a constaté un journaliste de l’AFP.
Dans son allocution, le ministre de la Défense malien Sadio Camara, un des hommes forts du régime, a vanté le «partenariat gagnant-gagnant avec la fédération de Russie» au cours d’une cérémonie officielle en présence de diplomates russes et d’Assimi Goïta, président de la transition.
La Russie avait déjà livré en mars plusieurs hélicoptères de combat et des armes. «Je dois dire que la cérémonie d’aujourd’hui est historique, tant par la nature, la qualité que par le volume de ce que vous nous remettez, dont nous n’exposerons ici qu’une partie, le reste étant bien-sûr engagé en opération au moment où se tient cette cérémonie», a dit M. Camara. «Nous consolidons notre capacité de reconnaissance et d’attaque avec des avions de chasse L39 et sukhoi 25, qui s’ajoutent au Super Tucano et d’autres appareils déjà en dotation. Ainsi que les hélicoptères d’attaque de type MI24P, qui s’ajoutent au MI 35 et au MI24 déjà livrés», a-t-il ajouté.