L’affaire des 49 soldats ivoiriens arrêtés à l’aéroport de Bamako, le 10 juillet dernier, par les services maliens de sécurité et accusés d’être des « mercenaires », continue de marquer sous le signe de la tension les relations déjà compliquées entre le Mali et la Côte d’Ivoire en raison notamment des sanctions économiques décidées par la Cédéao contre le pouvoir malien de transition, aujourd’hui levées.

Synthèse Salim Benour
La médiation acceptée depuis le début du mois de mai dernier par le Togo n’a pour l’instant pas abouti. De premières négociations ont eu lieu le 28 juillet à Lomé, sans résultat, mais les discussions entre les parties concernées se poursuivent en vue d’une issue négociée et de la libération des soldats ivoiriens. Le Mali a exigé que la Côte d’Ivoire reconnaisse sa responsabilité et exprime « des regrets » pour le déploiement de soldats sur son territoire sans cadre légal, selon des sources diplomatiques proches des négociations. Bamako demande également à Abidjan de lui livrer des personnalités maliennes présentes en Côte d’Ivoire et recherchées par la justice du Mali, selon ces sources. Autant de conditions rejetées par le gouvernement ivoirien. Mais « nous poursuivons les discussions avec les deux pays frères, résolument tournés vers un règlement pacifique de l’affaire », selon une source togolaise proche du dossier, citée par l’AFP. Le président du Haut-conseil islamique du Mali, Chérif Madani Haïdara, et l’archevêque de Bamako, Jean Zerbo, sont aussi intervenus auprès du pouvoir militaire de transition en vue d’un règlement à l’amiable, ainsi que l’influent chef religieux de Nioro (sud-ouest du Mali), Chérif Bouyé Haïdara, selon leur entourage. Preuve de la volonté apparente du Mali de privilégier pour le moment une solution négociée, la procédure judiciaire enclenchée à Bamako contre les soldats ivoiriens n’a, à ce jour, débouché sur aucune inculpation. « La Côte d’Ivoire a préféré le dialogue pour obtenir la libération de ses soldats et les discussions sont en cours », a confirmé le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly. « Tout est mis en oeuvre pour que nos soldats rejoignent leurs familles »’, a-t-il affirmé, reconnaissant que « ce sera peut-être long ». Lors de sa dernière réunion jeudi, le Conseil national ivoirien de sécurité (CNS), présidé par le chef de l’Etat Alassane Ouatara, a déploré que les autorités maliennes « continuent de détenir ces soldats de façon arbitraire, en dépit de toutes les explications et preuves fournies par les autorités ivoiriennes pour attester du caractère légal et régulier de leur mission ». Il note, cependant, « qu’après plusieurs refus des autorités maliennes, le chargé d’affaires et l’attaché militaire de l’ambassade de Côte d’Ivoire au Mali ont finalement pu rencontrer les 49 soldats qui ont le moral au beau fixe ». Ce message rassurant a été transmis aux familles des soldats par le ministre ivoirien de la Défense Téné Birahima Ouattara, lors d’une rencontre le 3 août. Dans un discours samedi, le président Ouattara a assuré que « la Côte d’Ivoire ne les abandonnera jamais ». n