L’armée malienne est rentrée jeudi à Kidal dans le nord du pays, ville symbole d’où elle était absente depuis des années et où son retour est censé manifester le rétablissement de la souveraineté de l’Etat sur le territoire. Un détachement de 300 militaires y a pris place sous escorte des Casques bleus de l’ONU. La Minusma, mission de l’ONU au Mali, a publié des photos d’une colonne de véhicules à l’entrée de la ville. Dans un contexte de grave détérioration sécuritaire au Mali et au Sahel, le retour de l’armée nationale à Kidal, aujourd’hui sous le contrôle d’ex-rebelles touareg, est anticipé comme une affirmation forte d’une restauration de l’autorité de l’Etat malien, qui ne s’exerce plus sur de larges étendues du pays. Il est aussi supposé donner l’exemple de la réconciliation dans le pays en guerre depuis 2012. Les unités entrées dans Kidal, dites « reconstituées », comprennent d’anciens rebelles intégrés dans l’armée malienne conformément à l’accord de paix d’Alger de 2015. Le retour de l’armée malienne à Kidal doit préluder au déploiement d’autres unités « reconstituées » à Ménaka, Gao et Tombouctou.
Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, est le bastion culturel touareg et le berceau historique des clans les plus influents. C’est aussi une région qui a été marginalisée depuis l’indépendance malienne et où sont nées les différentes rebellions touareg. L’armée malienne n’y avait pas repris pied depuis mai 2014. Une visite du Premier ministre de l’époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des combats qui s’étaient soldés par sa lourde défaite face aux rebelles. La ville est depuis contrôlée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), alliance à dominante touareg d’anciens groupes armés rebelles. La CMA est signataire de l’accord d’Alger de 2015 avec une alliance de groupes armés progouvernementaux, appelée la Plateforme.
Les conditions du déploiement des forces maliennes « reconstituées » à Kidal a fait l’objet de mois de négociations entre la CMA, l’Etat malien et les partenaires étrangers de celui-ci. L’accord final trouvé il y a quelques semaines prévoit le déploiement de 428 soldats: un tiers de soldats maliens, un tiers de combattants démobilisés de la CMA, un tiers d’anciens combattants de la Plateforme.