Au moins 30 personnes ont été tuées vendredi dans l’attaque par des jihadistes présumés d’un véhicule de transport près de Bandiagara dans la région de Mopti, dans le centre du pays, ont indiqué à l’AFP des responsables locaux.
«Au moins 30 civils maliens ont été tués par des terroristes près de Bandiagara vendredi. Les civils étaient dans un véhicule de transport. Les passagers ont été mitraillés et le véhicule a été brûlé. L’Etat a envoyé des forces de sécurité sur place», ont déclaré à l’AFP des autorités locales de Mopti qui ont requis l’anonymat. Un élu de la localité de Bandiagara a confirmé ce bilan et précisé que parmi les victimes, il y a «des enfants et des femmes et des disparus». Les forces de sécurité ont été envoyées sur place, selon les mêmes sources. L’attaque n’a été revendiquée par aucun des nombreux groupes armés qui sévissent dans le pays. Dans un communiqué diffusé samedi par la télévision publique, le gouvernement de transition a annoncé un bilan de 31 morts et 17 blessés. Il assure que «toutes les mesures seront prises pour arrêter et punir les auteurs de cet acte ignoble».
L’Association pour le développement de Bandiagara (ADB) condamne «une attaque lâche et criminelle» et demande aux autorités de prendre toutes les dispositions nécessaires pour protéger les populations et leurs biens. La région de Mopti, théâtre de l’attaque de vendredi, est une zone affectée par un conflit intercommunautaire. Les tensions entre les sédentaires dogons et les peuls à majorité nomade y sont récurrentes en raison des questions liées aux champs et à la transhumance. Les forces de sécurité sont également la cibles d’attaques régulières des groupes armées.
Le 7 octobre, 16 militaires ont été tués lors de l’attaque d’un convoi de l’armée malienne entre les localités de Koro et Bandiagara. Il s’agissait alors de l’attaque la plus meurtrière frappant l’armée malienne depuis celle contre un convoi le 19 août sur la route entre Boni et Douentza, également dans le centre du Mali, qui avait fait 17 morts. Le Mali est livré depuis 2012 aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, ainsi qu’aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d’exactions. Les violences parties du nord en 2012 se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. Elles ont fait des milliers de morts civils et militaires, et des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces onusiennes, françaises et africaines. La prise du pouvoir à Bamako par des militaires à la faveur d’un putsch en 2020 n’a pas enrayé la spirale de violences. n
Les assises nationales, préalables aux élections, fixées du 27 au 30 décembre
Les assises nationales à l’issue desquelles les militaires au pouvoir au Mali doivent fixer une date pour la tenue d’élections vont se tenir du 27 au 30 décembre, a annoncé vendredi l’organe chargé de leur organisation. La structure officielle de ces assises appelle «à se mobiliser et à participer de manière massive et constructive aux débats pour répondre aux ambitions légitimes du peuple malien et bâtir un avenir meilleur», dans un communiqué publié vendredi. Les assises prévues du 27 au 30 décembre, au niveau national, seront précédées de rencontres séparées, respectivement au niveau des communes, des cercles, des régions et des Maliens à l’étranger à partir du 11 décembre. Ces rencontres vont durer jusqu’au 23 décembre, selon le communiqué. La junte avait précédemment annoncé que ces assises se tiendraient du 21 au 26 décembre, avant un nouveau report annoncé le 23 novembre. Cette annonce a suscité une large levée de boucliers au sein de la classe politique malienne. Le 19 novembre, une coalition de partis politiques, le «Cadre d’échange», avait indiqué son refus d’y prendre part au colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le putsch du 18 août 2020. Cette coalition réunit plusieurs partis et regroupements de partis, dont le Rassemblement pour le Mali (RPM) de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé le 18 août 2020, et Yelema, de l’ancien Premier ministre Moussa Mara. Le Premier ministre installé par la junte, Choguel Kokalla Maïga, insiste sur la tenue de ces Assises pour décider des suites de la transition. Dans plusieurs interviews, il a notamment posé leur tenue comme préalable à l’organisation d’élections censées garantir un retour à un pouvoir civil. Bamako a récemment notifié à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) que le Mali serait dans l’incapacité d’organiser ces élections d’ici février 2022, évoquant notamment l’insécurité criante dans les régions. Le Mali est le théâtre depuis 2012 d’un conflit lancinant avec des attaques répétées de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, doublées de violences contre les civils perpétrées par des groupes armés, certains autoproclamés d’autodéfense. Les forces régulières sont également fréquemment accusées d’exactions.
Lors de ses prises de paroles publiques, Choguel Kokalla Maïga a plusieurs fois indiqué vouloir créer via ces assises les conditions idoines pour que les élections ne soient pas contestées.
(AFP)