Par Hakim Ould Mohamed
Les données communiquées, hier, par la Banque d’Algérie lèvent le voile sur une légère hausse des importations à l’issue des neuf premiers mois de l’année en cours, comparativement à la même période de l’année dernière. En effet, les importations de biens et de services sont passées de 32,388 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 32,988 milliards de dollars au cours de la même période de 2021. Les statistiques fournies, hier, par le gouverneur de la banque centrale, lors d’une réunion Banque d’Algérie-banques primaire, assortie d’une présentation de la note de conjoncture, contrastent de manière saisissante avec les anticipations du gouvernement contenues dans la loi de finances 2021. En effet, la loi budgétaire de l’actuel exercice a prévu une baisse de la valeur des marchandises importées dans le cadre de la rationalisation continue des importations, de 14,4 %, pour atteindre 28,21 milliards de dollars. La loi de finances complémentaire est venue par la suite corriger le tir, anticipant une facture d’importation de 30,42 milliards de dollars cette année, en tenant compte des besoins de la période post-pandémique. Malgré cette révision à la hausse du niveau des importations par la LFC 2021, le gouvernement reste loin du compte, puisque la facture a atteint 32,988 à l’issue des neuf premiers mois de l’année en cours. C’est à coups de plusieurs mesures fiscales, bancaires et administratives que le gouvernement entendait réduire drastiquement la facture d’importation, laquelle réduction devait participer à la baisse du déficit de la balance commerciale et, plus globalement, à celui de la balance des paiements qui a un effet corrosif sur le solde des réserves de change. Résultats des courses, même si la facture d’importation n’a pas baissé, en témoignent les données fournies par la banque centrale, le déficit de la balance commerciale s’est, en revanche, rétréci en 2021, passant de 10,504 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 1,571 milliard de dollars à fin septembre 2021. Le gouvernement évoque désormais un retour à une situation d’excédent de la balance commerciale supérieur à 1 milliard de dollars, prétextant l’efficacité des mesures d’encadrement des importations et une hausse de la valeur des exportations hors hydrocarbures. Or, la banque centrale a indiqué, hier, que ce recul important du déficit «est dû principalement à la forte hausse des exportations de biens qui sont passées de 16,240 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 26,402 milliards de dollars à fin septembre 2021, soit +62,3 %». Bien évidemment, qui dit hausse des exportations de biens dit augmentation du prix du pétrole, même si les exportations hors hydrocarbures ont augmenté, elles aussi, dans la foulée d’une stratégie centrée, entre autres, sur le soutien aux exportations hors hydrocarbures. Selon les estimations du gouverneur de la banque d’Algérie, le prix moyen du pétrole a enregistré une hausse de 66,6 % au cours des neuf premiers mois de l’année, passant de 41,365 dollars/baril, au cours de la même période de l’année écoulée, à 68,917 dollars/baril. Parallèlement, les quantités d’hydrocarbures exportées exprimées en Tonne Equivalent Pétrole (TEP), ont augmenté de 20,9%. En décodé, les restrictions des importations entamées depuis 2020 n’ont été que d’un faible impact sur la valeur des importations, alors même que le blocage de certaines importations a conduit à l’asphyxie de quelques filières, en témoigne la crise que connait actuellement la filière lait. Dans un contexte d’amenuisement des réserves de change, le gouvernement, rappelons-le, multipliait les tours de vis pour réduire la facture d’importation et le déficit de la balance commerciale. Ainsi, entre autres mesures prises à cet effet, le gouvernement a fixé un nouveau cahier des charges pour les sociétés d’importation pour la revente en l’état, outre l’obligation d’être à jour avec l’administration fiscale ainsi qu’avec les services du CNRC en se conformant aux nouvelles exigences en matière de délivrance de registre de commerce.