Par Feriel Nourine
Entre facteurs favorables et d’autres qui ne le sont pas, le pétrole continue d’évoluer dans l’incertitude, mais arrive néanmoins à se maintenir à des prix qui gravitent autour des 110 dollars le baril.
Poussés à leurs plus hauts, il y a trois semaines, par la guerre en Ukraine, les cours du brut avaient alors frôlé les 140 dollars, se rapprochant de leurs sommets historiques. Ils sont redescendus depuis en dessous des 100 dollars, mais ont vite repris leur ascendant qui leur a fait gagner plusieurs dollars.
En tous les cas, le recours aux réserves stratégiques par les 31 pays membres de l’Agence internationale de l’Energie (AIE) n’aura pas eu l’effet escompté par ces derniers. Annoncée par le président américain Joe Bilden, en fin de semaine dernière, puis confirmée par l’AIE, ce recours porterait sur de gros volumes de brut que ces pays seraient prêts à injecter à l’offre en vue de faire baisser les prix. A eux seuls, les Etats-Unis comptent mettre 180 millions de barils pour les 6 prochains mois, selon Bilden.
L’agence devait livrer les détails sur le mode opératoire choisi par les trente autres pays au début de la semaine en cours. Elle ne l’a pas encore fait, laissant transparaître les signes des énormes difficultés qu’elle rencontre dans la gestion de cette période à fortes turbulences au sein du marché pétrolier.
Quand bien même les membres de l’AIE puiseraient réellement dans leurs stocks stratégiques, les conséquences d’une telle décision sur les prix doivent attendre pour se manifester. De plus, la solution des réserves stratégiques est connue pour son impact limité dans le temps, faut-il le souligner.
Incapables d’obtenir gain de cause auprès des pays producteurs démarchés pour obtenir plus de brut dans l’offre mondial, les pays gros consommateurs, notamment ceux formant la coalition américano-européenne contre la Russie, se retrouvent à dévier vers celle des stocks stratégiques, mais sans pour autant réussir le recul des prix qu’ils souhaitaient à la seule annonce de leur stratégie.
Ceci alors que le paquet de sanctions anti-russes que ces alliés ont déjà pris depuis quelques semaines n’ont pas tardé à perturber le marché et à créer des dysfonctionnement dont l’impact se mesure en déséquilibre entre l’offre et la demande. La tension qui en découle sert les prix en les maintenant à des hauts qui ne sont pas du goût des consommateurs.
Dans cette tendance, le baril de Brent de la mer du Nord s’échangeait à 106,25 dollars, hier vers 16h, alors que le WTI valait 101,58 dollars. Les deux références européenne et américaine évoluaient en léger recul par rapport à la matinée, mais restaient dans des proportions en harmonie avec la situation prévalent actuellement.
Entre-temps, les sanctions de l’Union européenne contre le pétrole russe étaient toujours d’actualité, favorisant plutôt une hausse des prix que la baisse recherchée par les membres de l’UE.
En voulant faire pression sur la Russie en amenuisant sa force de géant du secteur, les Occidentaux risquent de payer encore plus cher les sanctions qu’ils sont en train de prendre contre ce pays. D’abord en voyant leurs ravitaillements énergétiques sensiblement chuter, et ensuite en payant le baril nettement plus cher que son prix actuel, comme avertissent les acteurs du marché, alors que les Russes ont prévenu d’un baril à 300 dollars au cas où l’UE décide d’un embargo sur leur pétrole.
Les 27 de l’Union continuent à brandir la menace de la rupture, même s’ils sont convaincus que la forte dépendance de pétrole russe dont pâtissent certains membres ne permet pas ce type d’aventure.
Pour preuve, la Commission européenne a proposé mardi à ses membres de durcir les sanctions contre Moscou, en arrêtant leurs achats de charbon en provenance de Russie, qui représentent 45% des importations de l’Union européenne, mais s’est abstenue de proposer une interdiction des importations de pétrole et de gaz russes. <