Alors que le Hirak passe le cap de l’année avec une quantité de questions sur son avenir, le parti d’Abderrezak Makri se revendique du mouvement populaire et prend l’accent électoral. Déjà, le parti islamiste mobilise ses troupes en prévision des législatives anticipées envisagées par le président de la République à la fin 2020.
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) ne perd pas de temps. A peine les législatives anticipées annoncées dans l’agenda du Président Abdelmadjid Tebboune, que le parti islamiste mobilise ses troupes. « Du moment que le Président de la République a déclaré, lors de sa rencontre avec quelques responsables des médias, que les législatives auront lieu vers la fin de l’année, on est désormais entrés dans la compétition », a lancé, hier, Abderrezak Makri. Le président du MSP, qui intervenait à l’occasion de la rencontre régionale des structures du parti tenue à Alger, a consacré une longue partie de son discours à revendiquer des élections libres et transparentes. Abordant la question des libertés et de la souveraineté que ne cesse de réclamer le Hirak depuis une année, Makri a estimé que « tant qu’il n’y a pas d’élections législatives et locales libres transparentes, tout ce qui se dit n’est que bavardage ». Une allusion on ne peut plus claire aux promesses d’Abdelmadjid Tebboune. « On peut tout dire concernant la prise en charge des demandes du Hirak, ce n’est qu’en organisant des législatives transparentes qui consacrent la volonté du peuple qu’on aura concrétisé les revendications du Hirak », a-t-il lâché, déclarant son « soutien » au processus de réformes entamé par le chef de l’Etat. « Nous le soutenons dans le processus des réformes et nous lui souhaitons de réussir », dira Abderrezak Makri. Et s’interrogeant : « Quel intérêt avons-nous lorsqu’on critique et qu’on casse l’autre ? » Il appellera d’ailleurs les partis notamment de l’opposition démocratique, sans les citer, à revenir à ce qu’il qualifie de « vraie compétition ». « Les vrais partis s’affrontent dans la compétition électorale dans l’intérêt suprême du pays. Nous appelons l’ensemble de la classe politique à cesser de casser l’autre », a-t-il ajouté. Le président du MSP explique que « la faiblesse d’un pays vient de la faiblesse de sa classe politique, sa société civile et ses institutions ». Ce qu’a d’ailleurs fait, rappelle-t-il, Abdelaziz Bouteflika durant son règne.
Dans sa plaidoirie, Makri, qui soutiendra que le MSP était « la plus grande victime de la fraude », a insisté sur la nécessité de régler les problèmes liés à la fraude avant et durant l’élection, à commencer par celui du « corps électoral qu’il faut résoudre », regrettant au passage que « jusqu’à présent, c’est silence radio sur le sujet ». La Haute instance indépendante des élections doit, selon lui, « se pencher sur la question », plaidant que « s’il y a une volonté politique, on pourra même organiser des élections électroniques dans les plus brefs délais, grâce à la carte d’identité biométrique ».
« Nous appartenons aussi au Hirak »
S’agissant du Hirak, qui célèbre son premier anniversaire, Abderrezak Makri a estimé que « le 22 février 2019 a été une continuité du combat de militants politiques qui refusaient le fait accompli imposé par le régime ». « Ce n’était pas un début, mais une maturité et un grand développement d’un long parcours et d’efforts de militants nationalistes et autres forces dont le MSP qui n’a pas seulement refusé le 5e mandat, mais aussi le 4e mandat de Bouteflika », a-t-il appuyé. Rappelant que le MSP avait proposé plusieurs initiatives à la classe politique et au régime pour « une transition démocratique », Makri s’est félicité que le peuple ait enfin décidé « d’entamer, de lui-même, sans la classe politique » le combat. Répondant à ceux qui le critiquent pour son détournement de la voie du Hirak, l’orateur dira : « Nous sommes une partie de ce Hirak. Personne ne peut nous donner de leçons, surtout pas ceux qui étaient en dehors de l’Algérie le premier jour ». Le président du MSP rappelle à ce sujet qu’il avait adressé des correspondances aux bureaux de wilaya pour sortir le 22 février 2019, sans pour autant être en tête des manifestations ». Un an après, Abderrezak Makri estime que les revendications du Hirak ont été partiellement arrachées, notamment « l’avortement du 5e mandat, la chute d’une partie de ceux qui ont pillé les richesses du pays ».