Le Premier ministre a fait de la traditionnelle visite inaugurale de la Foire de la production algérienne par les plus hauts représentants de l’Exécutif un plaidoyer en faveur de l’intégration industrielle. Aïmene Benabderrahmane appelle les grandes entreprises du pays à exploiter le produit généré par les différentes filières de la production nationale y compris celles du domaine militaire. Il appelle ces poids lourds de l’entreprise algérienne et les grands donneurs d’ordre comme Sonatrach et autres à investir le marché local de la sous-traitance, de la micro-entreprise et des sociétés sur «lesquelles on peut compter», notamment pour les besoins en équipements technologiques, a-t-il dit. Quant aux banques, elles doivent jouer le jeu !Par Feriel Nourine
Moins d’une semaine après la clôture de la Conférence sur la relance industrielle, qui s’est soldée par une série de recommandations inscrites au profit de cet objectif, la Foire de la production algérienne (FPA) est venue hier prendre le relais, en offrant au produit «made in Algeria» l’opportunité de s’exposer et de faire découvrir sa qualité acquise à l’échelle locale, mais aussi internationale où les producteurs nationaux doivent s’aligner sur des standards de plus en plus contraignants et constamment relevés.
D’où l’obligation faite à ces derniers de continuer à améliorer leurs produits afin de pouvoir rivaliser avec une concurrence qui ne fait pas de cadeau, notamment aux entreprises qui s’oublient à compter éternellement sur les mesures protectionnistes qui leur sont accordées par les pouvoirs publics. Un mode de conduite à impact négatif sur lequel a mis en garde Aïmene Benabderrahmane, hier, lors d’une tournée effectuée dans les différents pavillons de la FPA. Dans ce sillage, le Premier ministre, ministre des Finances, a insisté sur la nécessité d’améliorer la compétitivité du produit national en vue de faire concurrence aux produits étrangers, loin des mesures protectionnistes qui, de surcroît, ne peuvent durer, a-t-il indiqué. «Nous pouvons mettre en place des mesures protectionnistes pendant deux ou trois ans, mais elles ne vont pas durer, la solution consistant en le développement de la compétitivité et de la capacité du produit national de concurrencer le produit étranger», a-t-il appelé.
Or, l’amélioration revendiquée par M. Benabderrahmane a un tracé à suivre pour se concrétiser au niveau des entreprises. Il passe, en premier lieu, par le recours à la recherche pratique à travers la création d’un centre de recherche et de développement au niveau de chaque entreprise de production, a plaidé le Premier ministre. Sur ce registre, il a fait état de l’existence de plus de 50 centres de recherche au niveau national pouvant bénéficier au développement des différents produits. L’intervenant a fait valoir d’autres facteurs pouvant contribuer à l’amélioration du label algérien, citant la main-d’œuvre formée, et certains nouveaux facteurs à l’échelle internationale comme la renonciation par certains pays européens à certaines industries en raison de la hausse des prix énergétiques.

Banques : priorité aux projets productifs
Pour un pays dont la facture des importations continue à peser lourdement sur la balance commerciale, l’encouragement et l’accompagnement de l’Etat aux entreprises engagées dans des projets productifs et contribuant à l’allègement de cette facture ont été également mis en avant par le Premier ministre. M. Benabderrahmane a saisi l’opportunité de son passage dans le stand de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) pour appeler les responsables des établissements bancaires à faire de cette donne une des priorités dans le traitement des dossiers de leurs clients parmi les investisseurs. «Les banques doivent accompagner les projets productifs disposant d’une grande capacité de substituer les importations par des produits locaux et ceux destinés à la promotion de la capacité d’exportation», a-t-il orienté, avant de noter «une évolution positive en termes de maîtrise de l’étude des dossiers de prêts, reconnue par les opérateurs mêmes». D’où le souhait «de davantage de rapidité dans le traitement des dossiers notamment pour les projets productifs», a exprimé l’intervenant.
Ce dernier a, par ailleurs, appelé la BEA à redoubler d’efforts pour assurer le financement des projets des grands groupes dont la Sonatrach, pour leur permettre de couvrir les besoins nationaux et accéder à de nouveaux marchés internationaux. «Il faut garantir un soutien bancaire aux investissements de la Sonatrach pour la préservation de sa part de marché au vu de la rude concurrence mondiale», a-t-il insisté.

Grandes entreprises : pour une approche intégrée
Dans le même souci de rentabiliser au maximum la production nationale, le même responsable a plaidé pour une approche intégrée, à travers l’exploitation des opportunités offertes dans les différentes filières de la production nationale, y compris les industries militaires et les micro-entreprises.
«Les entreprises algériennes ont des potentialités importantes que les grandes entreprises économiques devraient exploiter, au titre d’une vision complémentaire intégrée», a-t-il déclaré au stand du groupe énergétique national Sonatrach. Comprendre que les grandes entreprises comme Sonatrach, Sonelgaz et Air Algérie sont des entreprises citoyennes qui devraient inscrire au titre de leurs priorités la création d’emplois, en investissant le marché national de la sous-traitance, la micro-entreprise et les différentes sociétés algériennes leaders dans le domaine des technologies. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, soulignera M. Benabderrahmane. Bien au contraire, «j’ai constaté que chaque entreprise travaillait à titre individuel, bien qu’il existe des entreprises locales sur lesquelles on peut compter, il suffit de visiter cette foire pour connaître leur potentiel important potentiel», a-t-il dit.

Industries militaires : dépasser les 35% de taux d’intégration
Au pavillon des industries militaires, le Premier ministre a appelé à une amélioration du taux d’intégration des entreprises y activant. Il a ainsi hissé la barre à plus de 35%. Il a défini l’objectif en partant du principe que l’industrie militaire constituait une «locomotive» pour les autres industries. Lors d’une rencontre avec des représentants des filières de la Direction des Industries électroniques du ministère de la Défense nationale, M. Benabderrahmane n’a pas hésité à relever le défi encore plus en appelant à la fabrication d’une puce électronique algérienne. A cet égard, il a estimé que tous les facteurs nécessaires sont disponibles, compte tenu de la taille du marché, où le volume de la consommation dépasse trois fois le niveau des besoins réels, outre la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée et la maîtrise des technologies. «Nous devons placer la barre très haut et redoubler d’effort pour atteindre les objectifs dans les délais fixés», a-t-il déclaré. <