Les inondations en Algérie refont parler d’elles dans une atmosphère de deuil provoquée par la disparition de deux personnes à Batna et une autre à Tébessa, emportées, mercredi et jeudi derniers, par les crues d’oued, suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur ces deux régions de l’est du pays.
Plus loin, au Sud, des conditions météorologiques identiques ont causé, jeudi, deux fuites de pétrole à El Oued, au niveau de l’oléoduc OK1, a fait savoir Sonatrach dans un communiqué rendu public vendredi soir, précisant que ses équipes techniques spécialisées avaient procédé « dès les premières heures de la journée de vendredi, à une opération d’absorption de la quantité de pétrole répandue, et entamé les travaux d’entretien au niveau de la partie endommagée par les inondations ».
Ainsi donc, en cette période de début de septembre, propice aux intempéries, les pertes humaines et les dégâts matériels engendrés font remonter en surface les débats sur la stratégie mise en place par les pouvoirs publics pour réduire la portée hautement dangereuse de ce type de phénomènes naturels.
Régulièrement mise à rude épreuve par les intempéries et les pluies torrentielles, qui se déclinent en multiples menaces pour les populations et leurs biens, la stratégie nationale de lutte contre les inondations semble, en effet, avoir déjà montré ses limites, trois années après l’élaboration par le ministère des Ressources en eau, puis actionnée il y a deux années. C’est pourquoi, « elle sera agrémentée d’un plan de travail national », a indiqué le ministre du secteur Arezki Berraki. Comprendre qu’elle sera « actualisée », a-t-il souligné jeudi lors d’une visite dans la capitale des Aurès, où il présidait l’inauguration d’une retenue collinaire à Djar Ighir, destinée à l’irrigation agricole dans la commune d’Aïn Touta. M. Berraki n’en dira pas plus sur le contenu de cette réalisation, mais cette annonce n’est pas sans insinuer que la stratégie concernée par une telle opération doit déjà passer par les cases révision et réadaptation.
Mise en œuvre en 2018, elle était établie à l’horizon 2030, pour le coût de 311 milliards de dinars, avait alors indiqué la directrice de l’Assainissement et de la protection de l’environnement auprès du ministère des Ressources en eau. « Les coûts de mise en œuvre des actions inscrites au titre de la stratégie nationale de lutte contre les inondations, établie à l’horizon 2030, sont estimés à 311,432 milliards de DA répartis entre 136 milliards de DA pour les actions structurelles, 62 milliards DA pour les actions non structurelles et 112 milliards de DA pour l’aménagement des bassins versants », avait-elle détaillé
L’étude de la stratégie nationale de lutte contre les inondations, selon cette responsable, a été financée par l’Union européenne dans le cadre de la Coopération Algérie-Union européenne/Programme d’appui au secteur de l’eau et de l’Assainissement EAU II, faut-il le rappeler. Une étude qui avait ainsi permis l’identification de 689 sites comme étant exposés aux inondations pour avoir déjà connu des évènements dommageables répertoriés. Quant aux objectifs visés par cette opération d’envergure, ils concernent, entre autres, l’amélioration de l’acquisition des données, le développement des méthodes et des outils d’analyse du territoire et l’élaboration d’une cartographie des aléas, des vulnérabilités et des risques.
Cette nouvelle stratégie vise également à former des cadres techniques, à limiter l’exposition humaine par la prévision des crues mais aussi par l’alerte en temps réel, avait-on également assuré, ajoutant qu’elle représente « un cadre de travail commun et une feuille de route partagée qui permettent à toutes les parties prenantes de coordonner leurs efforts, afin de réduire la vulnérabilité des villes algériennes ». Qu’en est-il aujourd’hui ?