Après avoir alimenté les débats pendant des mois, la question de la vaccination des adolescents de moins de 18 ans pour les protéger contre la Covid-19 s’est quelque peu estompée. Les regards du secteur de la santé, spécialistes et pouvoirs sanitaires, sont plutôt orientés vers la quatrième vague que le variant Omicron a fini par prédominer et les conséquences qu’il a induites dont la hausse des contaminations.PAR INES DALI
Mais le Omicron n’a pas touché que les adultes. Dans le milieu médical, des pédiatres se sont montrés inquiets sur le nombre d’enfants de plus en plus contaminés par le coronavirus. Pour certains, la vaccination des enfants n’était pas une urgence et il ne fallait donc pas se précipiter, tandis que pour d’autres, injecter les anti-Covid-19 aux enfants était toujours d’actualité.
La propagation du variant dans les établissements scolaires, l’infection aussi bien des enfants que des adultes y travaillant, a conduit à la décision de suspendre les cours pour une période de dix jours une première fois, suivie d’une autre période d’une semaine à compter d’hier une deuxième fois. Après les écoles, les crèches ont également dû fermer, les enfants étant devenus «des vecteurs de transmission du virus», selon les professionnels de la santé.
L’arrivée d’Omicron en Algérie a changé la donne. Les enfants qui étaient jusque-là épargnés ont été très vite des sujets contaminés et contaminants. «Maintenant, on peut dire que c’est le Covid pédiatrique qui est derrière le Covid des adultes, et la plupart d’entre eux ont été contaminés par leurs enfants», a déclaré le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie, qui ajoute qu’on assiste à la situation inverse du début de la quatrième vague quand c’était le variant Delta qui prédominait. Aujourd’hui, c’est le variant Omicron qui a pris le dessus, dépassant le taux de 60% des cas confirmés de Covid-19, selon l’Institut Pasteur d’Algérie.
Doit-on alors vacciner les enfants en même temps qu’on continue de vacciner les adultes ? Cette question revient alors que pendant un temps, des professionnels de la santé avaient préconisé d’atteindre d’abord un taux significatif chez les adultes avant de passer à la vaccination des enfants, et d’autres mettaient en avant que dans d’autres pays, comme les Etats-Unis, c’est à partir de l’été dernier que l’inoculation des anti-Covid-19 a commencé pour les enfants. Le Pr Kamel Djenouhat estime que leur vaccination n’est désormais plus d’actualité à l’aune de la nouvelle donne. «Avec l’ère du variant d’Omicron, on ne peut pas parler de vaccination des enfants. Ces derniers vont être infectés naturellement, et c’est cette infection naturelle qui va remplacer le vaccin», a-t-il affirmé, hier, dans une déclaration à «Reporters». Il a rappelé qu’avant la présente vague, vers le mois d’octobre dernier, les professionnels de la santé étaient avec l’idée de la vaccination des enfants et adolescents de moins de 18 ans. «Personnellement, j’étais pour, mais ce n’est plus le cas maintenant car, premièrement, les enfants ont été beaucoup infectés», a-t-il ajouté. Pour le professeur en immunologie, «l’immunisation chez les enfants a été réalisée chez une grande partie d’entre eux par l’infection naturelle, et lorsqu’on est infecté, ce n’est pas la peine de se faire vacciner».
Le deuxième point «très important» qu’aborde le Pr Djenouhat pour argumenter son point de vue sur la problématique de la vaccination ou non de la très jeune catégorie de la population, c’est qu’«on parlait de la vaccination des enfants avant l’apparition de l’Omicron», mais ce dernier présente «une certaine résistance aux anti-Covid-19 actuellement disponibles», d’où, selon lui, il ne faut surtout pas parler de la vaccination des enfants maintenant».
Pour sa part, le directeur général de l’Institut Pasteur (IPA) d’Algérie, Fawzi Derrar, estime également que cette question n’est pas à l’ordre du jour actuellement. «On évite de vacciner les enfants maintenant, mais dans le cas où un variant s’avère dangereux, on pourra avoir recours à leur vaccination», a-t-il déclaré, hier, sur les ondes de la Radio nationale. Il a souligné qu’il y a «plus important», à savoir «l’intensification de la vaccination chez les adultes», cela d’autant, a-t-il expliqué, qu’il n’y a «pas de cas graves ni de complications chez les enfants».
Il semble, toutefois, que la question n’est pas définitivement tranchée et il se peut qu’elle soit remise au goût du jour en fonction de l’évolution de la situation de la pandémie, a laissé entendre le directeur général de l’IPA. «Ce sujet sera remis à l’ordre du jour dans le cas où il y a apparition de nouveaux variants qui touchent les enfants avec des complications. A ce moment-là, on pourra avoir recours à leur vaccination», a-t-il noté.
Le Pr Djenouhat relève, par ailleurs, que les restrictions sont en train d’être levées les unes après les autres, «la plupart des pays étant en train d’ouvrir», imputant cela à «l’immunité collective qui est en train de s’installer après que le variant Omicron eut décimé le Delta». Pour lui, d’ici «quelques semaines», cette ouverture sera encore plus généralisée et «c’est tout le monde qui va passer à l’ouverture». <