Le personnel soignant dans les hôpitaux du pays est confronté à un risque de contamination, avertit le président du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), Lounès Ghachi, justifiant son inquiétude par «le manque de masques de protection et autres équipements de protection» nécessaires pour ces intervenants en première ligne dans la prise en charge des malades atteints de coronavirus.
Cette alerte a été donnée hier alors que quelques petites heures auparavant, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, déclarait que l’Algérie disposait de «plus de 400 lits de réanimation» et que les espaces à mettre immédiatement en exercice avec des respirateurs étaient «en cours d’identification». Une déclaration qui ne convainc pas le personnel soignant, actuellement face au Covid-19 dans les établissements sanitaires, réplique M. Ghachi. Les praticiens dénoncent même «un manque flagrant de moyens de protection et d’équipements» sur les lieux où ils travaillent, souligne-t-il. Ils regrettent aussi que la situation soit comme ils la décrivent alors que «l’Algérie dispose encore de marges de manœuvre dans la gestion de la maladie», ajoute notre interlocuteur, non sans insister sur l’impact du manque de moyens dans les hôpitaux et sur les «défaillances structurelles» qu’il provoque.
«On doit assurer une prise en charge des patients potentiellement infectés par le Covid-19, sans mettre en péril la continuité des soins. La distribution de masques et de matériels de protection aux professionnels de santé est indispensable, malheureusement, on n’en dispose pas», insiste le président du SAP. «L’approvisionnement des praticiens et du personnel soignant est primordial», répète-t-il, dans l’espoir de sensibiliser les responsables concernés. «Nous avons des infrastructures et des compétences dans tous les établissements de santé et qui sont prêtes à relever le défi, mais elles seraient dans l’incapacité de stopper la propagation de la maladie sans équipements et moyens de protections si on doit combatte à mains nues», déplore le même syndicaliste du secteur. M. Ghachi affirme par ailleurs qu’il est «irraisonnable» de se contenter de mener une politique de prévention et de sensibiliser contre la maladie sans se mobiliser sur le terrain pour contenir la propagation du virus. Pour lui, outre les mesures barrières qu’il faut mettre en place pour contenir la propagation et la contagion, afin de ne pas être débordé par le nombre de malades à prendre en charge en réanimation, «l’Etat doit se mobiliser et préparer ses établissements de santé». Et d’ajouter qu’«il est insensé d’exiger des citoyens de prendre des mesures de précaution et de veiller au strict respect des mesures de prévention». «On veut accueillir des malades pour contribuer à leurs rétablissement et guérison, et non pour les voir mourir et mourir avec eux», conclut M. Ghachi.