Le Parti des travailleurs (PT) n’a pas encore tranché sa participation à l’élection présidentielle d’avril prochain. C’est Louisa Hanoune, la secrétaire générale, qui l’a déclaré, hier, à l’ouverture des travaux du bureau politique (BP) de son parti.

«Compte tenu de l’opacité politique qui ne s’est pas dissipée, y compris après la convocation du corps électoral, le comité central n’a pu prendre de décision. Le bureau politique non plus ne pourra pas trancher cette question, il ne fera qu’avancer dans le débat avant la prochaine réunion du comité central, lequel se déterminera sur le rendez-vous d’avril prochain», a-t-elle lancé d’entrée devant une armada de journalistes. Mais en attendant la décision du comité central, la patronne du PT considère que son parti ne devrait pas participer à la présidentielle.
«Je pense que le Parti des travailleurs ne devrait pas aller à la prochaine élection présidentielle… C’est là mon point de vue personnel que j’exprimerai et défendrai devant le bureau politique et le comité central.» «Je suis extrêmement inquiète pour le pays et je présenterai mes arguments au comité central. Mais je respecterai la décision qui émanera de la majorité du CC et je l’appliquerai conformément au centralisme démocratique qui régit le fonctionnement de notre parti», a-t-elle précisé. Expliquant que «la présidentielle ne règlera pas les problèmes qui rongent notre pays», Louisa Hanoune pense qu’«au contraire, elle peut les aggraver, déclencher et accélérer des processus extrêmement dangereux, non seulement à cause de l’absence de transparence mais, également, en rapport avec la situation socio-économique du pays caractérisée par la hogra en plus de la situation internationale délétère». «La présidentielle ne constitue pas la priorité pour moi. La priorité est de libérer le pays de ce système qui a rendu l’Algérie exsangue et de laisser la parole au peuple», dira-t-elle. «J’ai la conviction que la priorité est d’instituer des mesures d’apaisement sur les plans politique, économique et social comme des gages de bonne volonté.» Aussi, et tout en expliquant que la situation «est des plus opaques», Mme Hanoune fera observer que «la présidentielle d’avril prochain me rappelle personnellement la situation qui prévalait, en 2010, en Egypte et en Tunisie, où les systèmes en place ont poussé le cynisme et l’arrogance à l’extrême. Ils ont poussé les peuples dans leurs derniers retranchements, ce qui a provoqué des soulèvements populaires révolutionnaires, gigantesques alors que dans notre pays, actuellement, la majorité combat la pauvreté, voire même la misère, alors que la prédation se poursuit». Evoquant les garanties quant à la transparence de l’élection, Louisa Hanoune s’est demandée si «l’ancien moudjahed Abdelaziz Bouteflika acceptera la disparition de l’Algérie comme nation libre et souveraine pour que se maintienne le système honni en place ?». Dans le même ordre d’idées, elle s’est interrogée sur «le coût à l’international» du maintien du système en place. «Quelles concessions le système accordera-t-il aux puissances impérialistes pour qu’elles ferment les yeux sur la nature du scrutin ? S’agit-il de la position de l’Algérie en ce qui concerne la Palestine, c’est-à-dire que nous serons obligés de normaliser nos relations avec l’entité sioniste qui, d’ailleurs, étend son influence en Afrique et au Maghreb en général ? Est-ce que l’ANP participera dans les conflits internationaux ? Ou alors, s’agit-il de la présence d’une base militaire américaine Africom sur notre territoire ?» Tout en relançant la campagne politique en faveur d’une assemblée constituante, Louisa Hanoune a estimé que «le bureau politique devrait à titre conservatoire prendre toutes les mesures d’ordre technique et juridique afin de ne pas orienter la discussion dans le comité central ni le mettre devant le fait accompli, pour qu’il puisse trancher sur le terrain exclusivement politique». En tout état de cause, participation ou pas à l’élection présidentielle, le PT «sera aux avant-postes pour la défense de la Nation algérienne car rien ne saurait être supérieur à son intégrité ni à sa souveraineté». <