A l’instar d’Ali Benflis, Mohamed Saïd, président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vient de claquer la porte de son parti. Convoquant, hier, en session ordinaire une réunion du bureau national, Mohamed Saïd a présenté à ses membres sa démission de la direction. Ces derniers ont accepté d’exempter Mohamed Saïd de la fonction de président.
Un communiqué du parti rend public l’information annonçant la désignation d’un intérimaire, en l’occurrence le coordinateur du bureau national Djamel Benziadi. Ce dernier a été chargé de gérer le parti jusqu’à la tenue d’un congrès extraordinaire en 2020, pour élire un nouveau président du parti. Il faut dire que la lettre de démission de Mohamed Saïd n’a nullement été une surprise pour les membres de la direction. La raison en est qu’en octobre dernier, le désormais ex-président du parti avait exprimé sa décision d’écourter son mandat fin décembre alors qu’il devait s’achever dans deux ans. Il faut dire que cette décision de Mohamed Saïd, d’en finir avec la gestion du parti, vient à l’issue d’un rôle actif qu’il a eu sur la scène politique nationale depuis la naissance du mouvement populaire du 22 février dernier en tentant de prendre part à une solution consensuelle de la crise. C’est ainsi qu’il s’est engagé avec les partis d’opposition et les personnalités nationales, à l’instar de Benbitour et de Rahabi, pour amener les autorités à prendre en charge les exigences de la rue. C’est ainsi qu’à l’occasion du dialogue du panel de Karim Younès, Mohamed Saïd a rencontré ce dernier pour faire part du fait que «la crise que traverse le pays est une crise politique».
De ce fait, «elle appelle un traitement politique consensuel qui gagne à ne pas perdurer pour éviter ainsi les risques de dérapage et d’exacerbation de la tension», avait précisé le désormais ex-président du PLJ. Pour Mohamed Saïd, le dialogue n’aura ni sens ni effet sans les conditions pouvant instaurer un climat de sérénité politique et d’apaisement. Mais le parti de Mohamed Saïd ne s’enferme pas dans le piège des préalables, il va au-delà pour préconiser des mesures politiques pour briser l’impasse. Il a ainsi appelé à la «désignation d’un gouvernement technocrate consensuel de compétences nationales» et à l’«élargissement du panel aux personnalités nationales réputées pour leur intégrité, leur crédibilité et leur popularité» et l’«exclusion de ses rangs de tout membre impliqué dans la préparation du 5e mandat du président déchu». Par ailleurs, et lors de l’annonce officielle de la date de l’élection présidentielle, le président du parti a refusé de participer au rendez-vous estimant que « les données actuelles n’encouragent guère l’organisation d’élections » ; tout en renouvelant son soutien au Hirak populaire. Hier, en démissionnant de son poste, il n’a fait que tenir sa promesse en rapport avec une situation politique des plus intriquées qui appelle de nouveaux hommes et de nouvelles stratégies politiques.