En dépit d’intérêts qui divergent en Libye, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont appelé, hier, au cessez-le-feu dans ce pays.
S’exprimant lors d’une rencontre à Istanbul à l’occasion de l’inauguration d’un gazoduc consacrant le rapprochement entre leurs deux pays, MM. Erdogan et Poutine ont appelé
« tous les belligérants en Libye à cesser les hostilités à 00H00 le 12 janvier ». Ils ont également appelé les Etats-Unis et l’Iran à la « retenue » pour faire baisser les tensions au Proche-Orient.
Dans la même logique, les deux présidents ont exprimé leur soutien à une conférence internationale prévue en janvier à Berlin afin de trouver une solution pour retourner au processus politique sous l’égide des Nations unies.
Alors que leurs différends sur la Libye et la Syrie menaçaient d’éclipser l’inauguration du gazoduc Turkish Stream, aussi appelé TurkStream, MM. Erdogan et Poutine ont mis en avant le spectaculaire rapprochement entre leurs pays, qui avaient connu une crise majeure en 2015.
L’entrée en service du gazoduc a fortement contribué à ce rapprochement, d’autant qu’il s’agit d’un « événement historique pour les relations turco-russes et la carte énergétique régionale », s’est félicité M. Erdogan, en ouvrant symboliquement les vannes de TurkStream avec son homologue russe.
M. Poutine, qui peut désormais compter sur cette infrastructure pour alimenter l’Europe du sud sans passer par l’Ukraine, a lui noté un renforcement du « partenariat entre la Russie et la Turquie dans tous les domaines ».
Ils ont également abordé l’escalade des tensions entre Téhéran et Washington après la mort du puissant général Qassem Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, dans une frappe américaine.
« Nous affirmons notre engagement à désamorcer les tensions dans la région et appelons toutes les parties à agir avec retenue et bon sens et à donner la priorité à la diplomatie », ont-ils déclaré, selon le communiqué conjoint.
L’opération qui a tué Soleimani « est un acte qui sape la sécurité et la stabilité de la région », ont-ils souligné.
Après leur déclaration conjointe, MM. Erdogan et Poutine laissent s’exprimer leur volonté de mettre de côté leurs divergences pour se concentrer sur les intérêts communs.
Sur fond de tensions croissantes avec l’Occident, Ankara et Moscou ont notamment renforcé ces dernières années leur coopération dans le secteur de la défense, avec l’achat par la Turquie de systèmes antiaérien russes S-400, et celui de l’énergie, comme l’illustre le gazoduc TurkStream.
Avec cette nouvelle infrastructure, dont la construction a débuté en 2017, la Turquie sécurise l’alimentation de ses grandes villes énergivores de l’ouest et s’impose un peu plus comme un carrefour énergétique majeur.
Le gazoduc est formé de deux conduites parallèles longues de plus de 900 km qui relient Anapa en Russie à Kiyiköy en Turquie (nord-ouest). Au total, ces tuyaux pourront acheminer quelque 31,5 milliards de mètres cube de gaz russe chaque année.
TurkStream a déjà commencé la semaine dernière à alimenter la Bulgarie, frontalière de la Turquie, et est en train d’être prolongé en direction de la Serbie et de la Hongrie.