Par Feriel Nourine
L’Algérie reste mal logée dans le classement sur la corruption dans le secteur public établi par Transparency International. Notre pays a même rétrogradé, en 2021, à la 117e place sur 180 pays, avec un score de 33 points sur 100, contre la 104e place en 2020 (36 pts), selon l’Indice de perception de la corruption (IPC) de cette ONG, publié hier.
Même si elle est restée dans la zone rouge, l’Algérie avait fait nettement mieux en 2020, gagnant 2 places dans ce classement par rapport à l’année 2019 où elle avait été classée 106e sur 180 pays. Selon Transparency, malgré certains progrès, l’indice brosse un tableau sombre, plus de la moitié des 180 pays étudiés n’atteignent pas 50 points sur le maximum de 100. Ce qui témoigne de l’ampleur de ce phénomène dans le monde. « L’indice de perception de la corruption 2021 révèle une décennie de niveaux de corruption stagnants, sur fond d’atteinte aux droits de l’homme et de déclin démocratique », indique TI dans son rapport. Lequel a de nouveau classé le Danemark, la Finlande et la Nouvelle-Zélande en tête de l’IPC, avec 88 points pour chacun de ces trois pays.
Parmi les 180 pays figurant dans le classement de Transparency, 23 ont vu leur position reculer alors 25 autres ont progressé durant la décennie 2012-2021, lit-on dans le rapport. Dans la première catégorie figurent même des économies avancées, à l’exemple de l’Australie (73), le Canada (74) et les Etats-Unis (67), ce dernier sortant pour la première fois de la liste des 25 nations les mieux notées. En même temps, 25 pays ont nettement amélioré leurs scores, notamment l’Estonie (74), les Seychelles (70) et l’Arménie (49).
Par ailleurs, 27 pays ont enregistré des scores « historiquement bas cette année », souligne TI, citant Chypre (53), le Liban (24) et le Honduras (23). Au bas de l’échelle de l’IPC, la Somalie, la Syrie et le Soudan du Sud brillent par leurs piètres résultats avec respectivement 13, 13 et 11 points.
L’ONG qui traque la corruption dans le monde calcule son indice sur la base de perceptions de son réseau d’experts et des milieux économiques, mais ne mesure donc pas la corruption réelle. Le «Corruption Perceptions Index» analyse la mise en œuvre de la Convention de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) contre la corruption.
Etablissement un lien direct entre la corruption et la situation des droits de l’homme, Transparency International appelle les gouvernements à « respecter leurs engagements en matière de lutte contre la corruption et de respect des droits de l’homme, et les peuples du monde entier à s’unir pour exiger un changement ». Ceci d’autant que « dans des contextes autoritaires où le contrôle sur le gouvernement, les entreprises et les médias est aux mains de quelques-uns, les mouvements sociaux restent le dernier contrepoids face au pouvoir », a déclaré le Directeur général de TI, Daniel Eriksson. « C’est le pouvoir détenu par les enseignants, les commerçants, les étudiants et les gens ordinaires de tous les milieux qui, en fin de compte, permettra la redevabilité», a-t-il donc estimé.
Depuis sa création en 1995, l’Indice de perception de la corruption est devenu le principal indicateur de la corruption dans le secteur public au niveau mondial, selon Transparency. Il classe 180 pays et territoires dans le monde en fonction de la perception de la corruption dans le secteur public, à l’aide de données provenant de 13 sources externes, dont la Banque mondiale, le Forum économique mondial, des entreprises privées de conseil et de gestion des risques, des groupes de réflexion et d’autres. Les scores reflètent les points de vue d’experts et d’hommes et femmes d’affaires.
« Le système de calcul de l’IPC est régulièrement revu pour garantir autant que possible sa robustesse et sa cohérence, et, en 2017, il l’a été par le Centre commun de recherche de la Commission européenne. Depuis 2012, tous les scores de l’IPC sont comparables d’une année à une autre », souligne l’ONG.