Par Khaled Remouche
La décision prise en Conseil des ministres d’importer du véhicule électrique est d’un appui certain au ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables. Pour y voir plus clair, cependant, il s’agit d’attendre quelle d’étude d’impact sera présentée, quelle logistique doit accompagner cette importation, puis quel aspect d’intégration est envisagé pour évite le «tout importer» qui a longtemps présidé aux politiques économiques du pays. Le Président de la République, en autorisant l’importation de véhicules électriques, a appuyé son ministre de la Transition énergétique Chems Eddine Chitour dans sa démarche en matière de transition énergétique qui prévoit l’introduction de véhicules moins polluants et moins consommateurs de carburants et, particulièrement, les véhicules électriques (zéro émission de CO2).
«Affectation d’un quota de 15% du total des véhicules importés», lit-on dans le communiqué officiel, rendu public à l’issue du Conseil des ministres de dimanche dernier. Le feu vert est conditionné.
L’importation est autorisée à condition de réduire au minimum les véhicules diesel.
Le quota affecté aux concessionnaires des véhicules électriques ne doit prévoir qu’un minimum de véhicules diesel. «Cette option était acquise pour le Président de la République depuis juillet dernier. Le Professeur Chemseddine Chitour en a fait son cheval de bataille. Le chef de l’Etat lui a donné raison à travers cette décision», commente Boukhalfa Yaici, spécialiste en énergie. L’accord du Président Tebboune répond à une évolution technologique. L’introduction de plus en plus de véhicules électriques dans les parcs automobiles des pays développés, dans un souci de protection de l’environnement et de sortir de la domination des énergies fossiles, soulève maintes interrogations.
Il est étonnant que dans cette logique consistant à passer à un modèle énergétique moins carboné, le chef de l’Etat n’ait pas décidé l’interdiction d’importation de véhicules diesel dont le carburant est le plus dangereux, au moment où plusieurs grands constructeurs de voitures de tourisme abandonnent ou veulent abandonner la construction de véhicules roulant au diesel. Il est également étonnant que cette décision ne soit pas accompagnée d’une présentation de l’étude d’impact de cette introduction de véhicules électriques sur l’économie nationale : coût de cette introduction et de la logistique qui doit l’accompagner. Peut-on introduire ces véhicules électriques en l’absence de bornes électriques ? Le bon sens dit non. Il faudra donc installer des bornes électriques tous les 80 ou 100 kilomètres selon le degré d’autonomie de ces véhicules. Quel sera le coût de l’installation de ces bornes électriques ? s’inquiète un observateur de la scène économique nationale. A cet égard, Boukhakfa Yaici estime que cette mesure n’a de sens que si elle s’inscrit dans une logique globale : l’introduction des énergies renouvelables, la transformation du parc automobile avec une part moins importante en véhicules diesel et plus de véhicules roulant au GPL et de voitures électriques, l’intégration avec la fabrication locale des bornes ou recharges électriques. Le spécialiste affirme en clair que ces recharges électriques peuvent être alimentées à l’énergie produite par des panneaux solaires. Cette décision devrait être accompagnée d’un plan d’action qui, d’emblée, devrait rassurer les automobilistes intéressés sur le coût du kilowatt/heure que doit payer le propriétaire du véhicule électrique en rechargeant son véhicule. Boukhalfa Yaici estime que les premiers clients seront les entreprises et l’administration, celles dont le parc roulant doit notamment effectuer de courts trajets. Quant à la maintenance de ces véhicules, les jeunes, comme pour la réparation des smartphones, ont des aptitudes à l’adaptation à cette nouvelle technologie, lance-t-il. Le spécialiste rappelle que dans les grandes lignes de la feuille de route du ministère de la Transition énergétique, il est prévu que les parcs des administrations devront rouler dans une large mesure au GPL carburant. Ce qui est positif, c’est que l’Algérie s’arrime à cette nouvelle tendance internationale avec la création de nouveaux emplois et de nouveaux profils. Mais il faut retenir les leçons du passé. Il ne faut pas encore qu’elle soit le prélude au tout-importer. Il faut qu’elle ouvre la voie à l’intégration et à la construction de véhicules électriques en Algérie, insiste-t-il. Pourquoi ne pas exiger une contrepartie de fabrication locale de véhicules électriques à l’importation de ces véhicules électriques ? K. R.