Vainqueur convaincant (2-4) à Brest, l’Olympique Lyonnais a signé mercredi sa meilleure mi-temps depuis longtemps, avec des enchaînements et une confiance jamais vus de la saison. Titulaire en meneur de jeu pour la première fois sous Laurent Blanc, Rayan Cherki a symbolisé ce renouveau. De quoi enfin lancer la saison de l’OL et la carrière de la pépite lyonnaise ?
Seul l’avenir nous dira si c’était le début du renouveau ou une nouvelle éphémère éclaircie dans le ciel lyonnais. Mais le temps apocalyptique (pluie diluvienne, fort vent) qui s’est abattu sur Brest mercredi tendrait à pencher vers la première idée, même si le football est aussi incertain que la météo. Encore plus quand il s’agit de l’Olympique Lyonnais. Reste que l’OL a signé sur la pelouse de Francis-Le Blé une victoire probante (2-4) mais surtout sa meilleure prestation de la saison, et de loin, notamment au cours d’une première période de haute volée.
EN TERMES D’UTILISATION DU BALLON, C’EST BEAUCOUP MIEUX
«Dans le domaine offensif, on a été bon, et même parfois très bon, disait d’ailleurs vendredi Laurent Blanc, le coach lyonnais, en conférence de presse. Construire du jeu, ça passe par du mouvement, par de la prise de risques, de l’engagement. Ça passe aussi par une condition physique importante parce qu’aujourd’hui, ça bascule très vite d’un côté à l’autre. Mais en termes d’utilisation du ballon, c’est beaucoup mieux». Mais comme souvent, tout n’a pas été parfait. «Il faut être persévérant dans le domaine défensif, confirme-t-il. On laisse trop de choses à l’adversaire, il faut essayer d’être beaucoup plus solide derrière. Il n’est pas interdit de gagner des matchs 1-0…»
Alors, forcément, vu l’habitude de l’OL à jouer aux montagnes russes, entres bonnes séquences et matchs indigents, on attendra une confirmation avant de s’extasier sur cette performance, face au 17e de Ligue 1 rappelons-le. Mais à Brest, l’OL a retrouvé une partie de ses valeurs, à commencer par profiter de son centre de formation. Maxence Caqueret a été brillant, Castello Lukeka solide derrière mais Rayan Cherki en a été le meilleur symbole. Si ni Garcia ni Peter Bosz n’ont su le faire exploser, Cherki garde toutefois de bons souvenirs des deux entraineurs, notamment du futur coach de Cristiano Ronaldo. Une expérience dont il n’a tiré que du positif, comme nous le confiait un de ses proches. Talent exceptionnel, le pur produit de l’académie a longtemps divisé les suiveurs et les supporteurs, entre exaspération face à une attitude souvent agaçante et patience infinie pour un joueur tellement doué.
LE DISCOURS VALORISANT DE BLANC, LE DÉCLENCHEUR ?
«C’est un garçon plein de qualités mais qui ne fait pas toujours les efforts au bon moment, disait d’ailleurs son coach actuel après le match de Nice (1-1), avant la trêve. Dieu sait qu’il faut se prendre la tête avec lui». La relation entre l’ancien sélectionneur des Bleus et la pépite lyonnaise est assez particulière, puisqu’il n’a pas compté sur lui à son arrivée – un choix assumé de privilégier l’expérience – tout en lui assurant sa confiance pour la suite. Un proche du joueur raconte d’ailleurs que Blanc aurait marqué son joueur avec un discours valorisant, le genre de discours qui font comprendre aux jeunes qu’ils ont le talent pour aller très haut à condition de faire ce qu’il faut. Ce que Cherki semble bien avoir compris, près de trois ans après son match référence à Nantes (4-3), en Coupe de France.
Celui qui pourrait enchainer dimanche face à Clermont une deuxième titularisation pour la première fois depuis plus de deux ans (Nîmes et Lorient en septembre 2020) a gommé à Brest bien des défauts qui lui étaient reprochés. On l’a vu concerné à la perte du ballon, se forçant aux courses défensives que Bosz regrettait qu’il ne fasse pas plus, très disponible sans le ballon qu’il s’est efforcé de rapidement lâcher, offrant des solutions et ne demandant pas uniquement le ballon dans les pieds. «Laurent Blanc m’a dit de bien me replacer sur le plan défensif et j’étais assez libre sur l’aspect offensif, expliquait-il au micro de Prime Vidéo après la rencontre. (Meneur de jeu) C’est le poste que je préfère, auquel je peux le plus m’exprimer».
ÊTRE INDULGENT MAIS AUSSI TRÈS EXIGEANT
Un poste auquel il a été formé, contrairement à celui d’ailier, découvert en arrivant chez les pros. Un point que son entourage tient à rappeler et que Peter Bosz a découvert avec surprise, à force de se plaindre du placement défensif sur l’aile de Cherki. Mais, surtout, le jeune Lyonnais a été tranchant offensivement. Son but, au terme d’une action collective fantastique partie de la surface lyonnaise, était une belle récompense pour sa prestation et aurait même pu être agrémentée d’une ou deux passes décisives avec plus de réussite.
Un match plein que son entraineur Laurent Blanc a bien remarqué. «Il a fait un très bon match, avouait au micro de Prime Vidéo le coach lyonnais, qui sait que ce n’est que le début. Il faut lui donner du temps de jeu, il faut être indulgent mais aussi très exigeant car il a beaucoup de talent. Il faut qu’il mette son talent au service de l’équipe. Mais c’est un travail de longue haleine». Un travail nécessaire à la carrière de Cherki, comme à la saison de l’OL.
En attendant un éventuel changement de budget à l’avenir avec le rachat du club par John Textor, le club rhodanien n’aura pas les moyens cet hiver d’aller chercher le joueur qui changera le visage de l’équipe offensivement. Avec ce Rayan Cherki-là, il l’a peut-être déjà dans un effectif. Même s’il ne faudra pas non plus ériger le meneur de 19 ans comme le sauver et attendre qu’il confirme sur la durée, ce qu’il sait être le plus dur pour un jeune joueur, le mois de janvier offre à l’OL un calendrier plutôt abordable sur le papier. Plus de trois ans après ses débuts professionnels, il est peut-être enfin l’heure de l’éclosion tant attendue de la pépite lyonnaise. Et, dans son sillage, celle du réveil de l’OL.