La pratique est révélatrice de l’absence d’une politique sportive réelle. A chaque intersaison, les clubs algériens optent pour la table rase. Des recrues et des libérés en masse. Les effectifs sont revus à 70%. Le tout, avant même l’arrivée d’un nouvel entraîneur qui doit travailler avec des joueurs qu’il n’a pas choisis et qui peuvent ne pas répondre à ses exigences technico-tactiques. Une aberration.
L’argent à dilapider dans l’élite footballistique algérienne paraît infini. Le malheur, c’est qu’il ne semble pas acheter le succès. Certes, il y a le CR Belouizdad, sacré pour la 3e saison de suite en championnat, qui vient, quelque part, contredire ce constat. Mais, même chez les Belouizdadis, il y a une sorte d’incohérence qui confirme la règle concernant l’absence d’un véritable plan managérial qui répond aux normes mondiales.
Le champion ne déroge pas à la règle
Le « Chabab », bien que dominateur sur le plan national avec 3 consécrations de suite en Ligue 1, a procédé à un changement important en décidant de se passer des services de Marcos Paqueta qui n’a pas été prolongé pour rester sur le banc. Les dirigeants, pour des considérations qui n’ont rien à voir avec la performance, n’ont pas offert un nouveau contrat au technicien brésilien préférant confier les rênes techniques à Nabil Kouki.
Et avant même que ce dernier n’acte son arrivée, le club avait déjà signé un gardien (Guendouzi) et un attaquant (Idriss Saadi) tout en libérant certains éléments comme l’avant-centre Merzougui et le keeper Moussaoui. Certes, l’ancien driver de l’ES Sétif complètera l’opération de révision de l’effectif. Mais d’autres entraîneurs n’auront pas carte blanche puisqu’ils auront déjà trouvé un groupe à leur arrivée.
On pense ici au prochain chef de la barre technique du MC Alger où la direction a déjà acté l’arrivée de nouvelles recrues pour la saison 2022-2023. Ainsi, Mohamed Hakim Hadj Redjem, qui ne devait qu’assurer l’intérim après l’éviction d’Amar Brahmia de la tête du Conseil d’administration SSPA/MCA, se retrouve à offrir des contrats.
Les joueurs d’abord, le coach après
Le Doyen, qui n’a pas réussi à décrocher une place africaine au terme du dernier exercice. C’est pourquoi le board essaie d’insuffler une nouvelle dynamique en changeant la composante de l’effectif. Ammar Oukil, Houari Ferhani, Victor Mbaoma et Idir Boutrif, Tayeb Hamoudi et Khaled Dehamni font partie des nouvelles recrues alors qu’il est question de renouveler le fer de lance Frioui. Tout cela se passe avant même qu’un nouvel entraîneur soit désigné. Mettre la charrue avant les bœufs fait plus que jamais partie des mauvais réflexes et des bévues véritables en termes de management sportif. Tout cela engendre des tensions, des litiges et explique pourquoi la Chambre de Résolutions des Litiges (CRL) a enregistré une dette de 1000 milliards de centimes D1 et D2 confondues au mois de janvier écoulé. La gestion chaotique des finances et les contentieux contractuels récurrents sont les deux principales raisons de cette « inflation ». Les salaires exorbitants et le rendement insuffisant ne peuvent pas cohabiter. Mais il semblerait que la leçon n’a toujours pas été assimilée. Et quand on sait que les affairistes rodent dans le football circus, la perduration de ces pratiques ne peut nous étonner.