Au moins 30 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées dans un raid aérien samedi contre une école militaire à Tripoli, a indiqué un porte-parole du ministère de la Santé du Gouvernement d’union nationale (GNA). « Un raid aérien contre l’école militaire de Tripoli a tué 28 cadets et blessé des dizaines d’autres », a déclaré Amin al-Hachemi aux agences de presse.

Cette école militaire se trouve à al-Hadba al-Khadra, un quartier résidentiel de la capitale libyenne sous contrôle du GNA. Au moment de la frappe, les cadets effectuaient leur dernier rassemblement de la journée dans la cour principale avant de regagner leurs dortoirs, a précisé le porte-parole. Le ministère de la Santé du GNA a par ailleurs appelé à des dons de sang, invitant les donneurs à se rendre dans les hôpitaux et à la banque du sang. La banlieue sud de Tripoli est le théâtre de violents combats depuis le 4 avril, début de l’offensive du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, pour s’emparer de la capitale libyenne, siège du GNA reconnu par l’ONU. Les forces du GNA ont accusé sur leur page Facebook les forces pro-Haftar d’avoir mené cette frappe, publiant des photos des blessés et des victimes. Les forces pro-Haftar n’ont en revanche pas revendiqué jusqu’à présent la frappe. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée par des conflits fratricides. A plusieurs reprises, la mission de l’ONU en Libye (Manul) a demandé à ce que les secteurs civils soient épargnés par les frappes qui « pourraient constituer des crimes de guerre ». Depuis le début de l’offensive contre Tripoli, plus de 280 civils ont été tués, selon l’ONU. Plus de 2 000 combattants ont en outre péri et 146 000 Libyens ont été déplacés, selon la même source.

Le GNA condamne et appelle l’Onu à une « réunion urgente» 
Après le raid meurtrier, le Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, dirigé par Fayez el-Serradj, a condamné hier dimanche «dans les termes les plus fermes» le raid aérien mené la veille contre une école militaire à Tripoli et appelé l’Onu à agir pour faire cesser «ces crimes» et à tenir «une réunion urgente» de son Conseil de sécurité. Le GNA, qui accuse les troupes de Khalifa Haftar d’être derrière ce raid qui a tué 30 cadets et blessé des dizaines d’autres, selon un bilan officiel, a annoncé dans son communiqué « un deuil de trois jours à la mémoire des victimes » et appelé la communauté internationale à «intervenir pour faire cesser les violations et les crimes» commis depuis dix mois dans la capitale libyenne, théâtre depuis le mois d’avril d’une offensive des troupes loyales à Haftar. L’attaque aérienne de samedi s’inscrit, selon le Gouvernement d’union nationale libyen, dans le cadre «d’une série d’agressions ayant ciblé les aéroports civils de Mitiga et de Misrata ainsi que des sièges gouvernementaux, des écoles, des hôpitaux et des quartiers d’habitation faisant des centaines de morts parmi les civils et provoquant le déplacement des dizaines de milliers de famille». Dans sa réaction au raid aérien de samedi, les troupes de Haftar ont démenti, dans un communiqué, toute implication dans cette attaque précisant que l’école militaire de Tripoli ne figurait pas parmi leurs cibles. Pour sa part, la mission de l’Onu en Libye (Manul) a, elle aussi, condamné le raid aérien qui a visé l’école militaire à Tripoli, dans un communiqué publié dimanche. « L’escalade militaire dangereuse complique davantage la situation en Libye et menace les chances du retour à la solution politique», a averti la Manul dans son communiqué. «Les bombardements disproportionnés qui visent, sans cesse, les civils et les infrastructures civiles comme les hôpitaux et les écoles …peuvent «être considérés comme des crimes de guerre et les criminels seront sans «doute punis», a souligné la Manul. La Manul a, maintes fois, demandé à ce que les secteurs civils soient épargnés par les frappes qui « pourraient constituer des crimes de guerre ». Jeudi dernier, la Mission onusienne avait salué « tous les appels à la désescalade, à la fin des hostilités et à une paix durable », et souligné dans un communiqué l’« initiative nationale pour la paix » annoncée mercredi passé par un groupe d’associations de la société civile, de partis nationaux, d’association de défense des droits de l’Homme, d’écrivains, de chercheurs et d’académiciens dans l’est de la Libye. La Manul avait également appelé à soutenir et à encourager ce genre d’appels et initiatives visant à faciliter une solution politique en Libye. «Ces initiatives démontrent l’engagement du peuple libyen à mettre fin au bain de sang, à promouvoir les droits de l’Homme, à instaurer l’état de droit et à construire un Etat inclusif et uni pour tous les Libyens», avait indiqué le communiqué.