L’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a condamné la poursuite des frappes aériennes contre des civils dans l’ouest de la Libye, alors que le conflit entre l’armée basée dans l’est et le gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU se poursuit.
«Nous avons proclamé haut et fort que les attaques aveugles contre les civils constituent non seulement une grave violation du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, mais aggravent également davantage le conflit et incitent à de futurs actes de vengeance, qui menacent l’unité sociale en Libye», a déclaré Ghassan Salamé dimanche dans un communiqué. «Les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution doivent en tout temps être pleinement respectés», a-t-il ajouté. Au moins 284 civils ont été tués et 363 autres blessés en Libye en 2019, sans compter les victimes des récentes frappes aériennes dans la capitale Tripoli et la ville de Zaouïa, à quelque 45 km à l’ouest de Tripoli, selon la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). «Les frappes aériennes ont été la principale cause de victimes civiles, avec 182 morts et 212 blessés, suivies des combats au sol, des engins explosifs improvisés, des enlèvements et des homicides», a déclaré la MANUL. L’armée basée dans l’est mène une campagne militaire depuis avril pour reprendre la capitale Tripoli au gouvernement rival soutenu par l’ONU.
La Grèce veut avoir son «mot à dire» à la Conférence
de janvier
La Grèce veut participer à la conférence sur la Libye prévue en janvier sous l’égide de l’ONU, déclare le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis dans un entretien publié dimanche au moment où la tension monte sur la question avec la Turquie voisine. «Nous ne voulons pas de source d’instabilité dans notre voisinage. Nous avons donc notre mot à dire sur les développements en Libye», estime M. Mitsotakis dans un entretien à l’hebdomadaire grec To Vima. «Nous voulons faire partie de la solution en Libye car cela nous concerne également». L’ONU prévoit une conférence internationale à Berlin en janvier pour mettre fin aux divisions internationales sur la Libye et ouvrir la voie à une solution politique au conflit qui déchire le pays. «J’ai demandé, et je le ferai de nouveau en insistant davantage, que nous participions au processus de Berlin», assure M. Mitsotakis. La Libye est devenu un nouveau sujet de contentieux diplomatique entre les deux rivaux traditionnels que sont la Grèce et la Turquie qui s’opposent sur les droits maritimes en Méditerranée ainsi que sur les parties en conflit dans ce pays nord-africain. Ankara a signé en novembre deux accords controversés avec le gouvernement libyen d’union (GNA) basé à Tripoli et soutenu par l’ONU. L’un d’eux porte sur la coopération militaire de la Turquie avec le GNA –qui en a demandé la «mise en oeuvre», ouvrant la voie à une intervention militaire turque directe– pour lutter contre les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’autre sur la délimitation maritime entre la Turquie et la Libye. La Grèce a jugé ces deux accords «dénués de fondement» et contraires au droit international. Athènes a condamné l’accord maritime au motif que la Turquie et la Libye ne partagent aucune frontière maritime commune. La Libye «est notre voisin maritime naturel, pas celui de la Turquie», insiste M. Mitsotakis. L’accord signé entre Tripoli et Ankara permet à la Turquie d’étendre ses frontières maritimes dans une zone de la Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années autour de Chypre. Athènes a annoncé pour sa part qu’un accord sur le gazoduc EastMed serait signé avec Chypre et Israël le 2 janvier.
(Afp)