Les appels se multiplient en Libye pour l’organisation des élections censées mettre fin à la transition. Si de nombreuses voix politiques, dans ce pays, déclarent leur soutien à un scrutin parlementaire avant celui de la présidentielle, aucune indication ne permet de parier aujourd’hui sur un calendrier électoral accepté par toutes les parties concernées. La Haute autorité électorale demande un délai de six à huit mois pour prétendre à une consultation crédible…Par Anis Remane
Le président du Parlement libyen Aguila Saleh a demandé, mardi 18 janvier, à la commission parlementaire chargée du suivi des élections de fixer, avant la fin du mois, une date « définitive » pour la tenue des élections présidentielle et législatives. Cette commission doit présenter « un rapport final à la présidence du Parlement avant la fin du mois de janvier, détaillant les étapes nécessaires pour lever les obstacles qui ont entravé le processus électoral, en décembre, et déterminer une date définitive » pour la tenue du scrutin, a déclaré M. Saleh, lors d’une séance à Tobrouk (Est), où siège l’Assemblée, la première depuis trois mois, période à laquelle il a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Censées être l’aboutissement d’un processus de paix parrainé par l’ONU, la présidentielle du 24 décembre et les législatives prévues dans la foulée, ont été reportées sine die sur fond de désaccords entre camps rivaux, un pouvoir à l’Est incarné par le Parlement et l’homme fort Khalifa Haftar, et un autre, à l’Ouest, autour du Gouvernement d’unité nationale d’Abdelhamid Dbeibah basé à Tripoli. La commission parlementaire chargée du suivi des élections avait été mandatée au lendemain du report des élections, afin de préparer une nouvelle feuille de route pour la transition dans le pays. La commission doit en outre présenter au Parlement « une vision complète du pouvoir exécutif et la formation d’un nouveau gouvernement », a en outre demandé le chef du Parlement. Lundi, M. Saleh, qui était lui-même candidat à la présidentielle, a appelé à la mise en place d’un nouveau gouvernement intérimaire à Tripoli, estimant que le mandat de l’exécutif actuel avait expiré avec le report des élections, demandant au Procureur général « d’enquêter sur les dépenses » du gouvernement depuis le début de son mandat, ainsi que les « abus de pouvoir et nominations en violation des règlements ». Le mandat du Gouvernement d’union nationale « a expiré » et « il faut former un nouveau cabinet », a déclaré le président du Parlement. Il a appelé « le procureur général, les présidents des organes de réglementation et le gouverneur de la Banque centrale de ne pas se dérober à leurs responsabilités et de ne pas faire de dépenses sur le budget sans une décision de la commission des finances et l’accord du Parlement ». Par ailleurs, Aguila Salah a appelé le peuple libyen à « s’unir face à toutes les tentatives de sabotage et à réclamer la tenue des élections présidentielle et législatives dans les plus brefs délais ». Concernant la « Règle constitutionnelle », Salah a noté : « Il est nécessaire d’œuvrer à former une commission de 30 intellectuels, écrivains et académiciens spécialisés en droit constitutionnel, représentant les trois régions du pays, épaulés par des experts étrangers, pour mettre au point une constitution consensuelle dans un délai ne dépassant pas un mois ». Le Forum du dialogue libyen, qui s’est tenu en Tunisie en novembre 2020, avait fixé la durée du mandat du pouvoir exécutif transitionnel à 18 mois, s’étalant jusqu’à juin 2022, selon la mission des Nations unies. Dans un rapport remis lundi 17 janvier au Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, demande aux parties libyennes de « travailler ensemble » pour tenir « dans les meilleurs délais » des élections « inclusives et crédibles ». Durant la même journée, le président de la Haute-commission électorale nationale libyenne, Imad al-Sayeh, a déclaré que la relance du processus électoral dans le pays nécessite 6 à 8 mois. Lors d’un briefing devant la Chambre libyenne des représentants, le président de la Haute autorité électorale a déclaré que « les démarches que la commission doit entreprendre au cours de la période à venir nécessitent de 6 à 8 mois afin que nous puissions mener à bien le processus électoral ». « Nous avons dépassé le 24 décembre (date prévue pour les élections), par conséquent, si nous devons envisager une nouvelle échéance, il faudra rouvrir l’inscription des électeurs, car certains citoyens ont atteint 18 ans, âge légal pour exercer leur droit électoral », a-t-il ajouté. Il faut que la commission « puisse reprendre le processus électoral sans obstacles et sans force majeure et avec de nouvelles modalités », a expliqué Al-Sayeh. Pour les cas de fraude à la candidature aux élections, il a déclaré : « 12 cas de fraude dans les dossiers des candidats à l’élection présidentielle ont été transmis au procureur général. »