Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué, jeudi, que l’Algérie prendra « dans les prochains jours» plusieurs initiatives en faveur d’une solution pacifique à la crise libyenne. «L’Algérie prendra dans les prochains jours plusieurs initiatives en faveur d’une solution pacifique à la crise libyenne, une solution exclusivement inter-libyenne, a déclaré  Sabri  Boukadoum à la presse en marge de l’envoi d’une aide humanitaire vers le pays voisin.

Le ministre des Affaires étrangères a réaffirmé que « la voie des armes ne peut guère être la solution, laquelle réside dans la concertation entre tous les Libyens, avec  l’aide de l’ensemble des pays voisins et en particulier l’Algérie », rappelant la déclaration du chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune  selon laquelle la Libye est une « priorité » pour Alger et son  action politique et diplomatique. C’est d’ailleurs  sur instruction du président de la République, avec la contribution de l’Armée nationale populaire (ANP), que cette aide humanitaire humanitaire de plus de 100 tonnes, constituées de denrées alimentaires et de médicaments, seront envoyées en Libye, via un pont aérien liant l’aéroport militaire de Boufarik à celui de Djanet. L’annonce par l’Algérie de nouvelles initiatives  pour un règlement pacifique de la crise libyenne intervient dans un contexte d’une « nette escalade des ingérences étrangères », selon l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye depuis 2017. Ghassan Salamé, qui s’est exprimé dans un entretien au quotidien parisien Le Monde,  regrette  le fait que le Conseil de sécurité de l’Onu n’a toujours pas de résolution appelant à un cessez-le-feu après neuf mois d’agression contre la capitale  Tripoli. « Je suis désappointé, déçu, blessé qu’après neuf mois de combats à Tripoli, nous n’ayons toujours pas de résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu. Tout cela fait que les ingérences extérieures se multiplient et s’aggravent », a-t-il ajouté. A propos de l’embargo sur la livraison d’armes à la Libye décrété par  l’Onu en 2011, et questionné sur l’ « impuissance » du Conseil de sécurité à  le faire respecter, M. Salamé a répondu : « Il n’y a pas que des acteurs régionaux qui violent cet embargo (sur les armes), il y a aussi des membres du Conseil de sécurité »

Erdogan, Ira-t-il, n’ira-t-il pas ?
Jeudi, les   députés turcs ont voté une motion permettant au président Recep Tayyip Erdogan d’envoyer des militaires en Libye pour soutenir le gouvernement de Tripoli, une mesure qui risque d’aggraver le conflit fratricide déchirant ce pays. Au cours d’une session parlementaire extraordinaire, 325 d’entre eux ont voté pour et 184 contre la motion qui donne à l’armée turque un mandat, valable un an, pour intervenir en Libye, a déclaré le président de l’Assemblée nationale turque Mustafa Sentop.
Cependant, il reste à savoir si le président Erdogan, auquel il appartient de décider, va effectivement dépêcher des troupes dans ce pays ou si le soutien militaire prendra une autre forme, comme l’envoi de « conseillers ».
La possibilité de renoncer à toute initiative ayant un sens militaire n’est pas non plus exclue en raison de la réaction internationale suscitée par la décision d’Ankara  qui dit agir à l’appel à l’aide du Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj,  reconnu par l’ONU et confronté à l’offensive du maréchal Haftar.
L’envoi de troupes turques en Libye risquerait d’aggraver les conflits qui déchirent ce pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et sont alimentés par des puissances régionales.    La Libye est en effet devenue le théâtre d’une lutte d’influence entre deux camps: d’un côté, la Turquie et le Qatar, qui appuient le GNA ; de l’autre, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte, qui soutiennent le maréchal Haftar.  D’autres puissances sont présentées comme ayant un rôle en Libye à l’exemple de la France et de la Russie. En effet, même si Moscou le dément, l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, et le président Erdogan affirment que des mercenaires russes sont engagés aux côtés des forces du maréchal Haftar qui s’efforcent depuis avril de s’emparer de Tripoli. Mercredi prochain, le président Vladimir Poutine doit se rendre en Turquie pour inaugurer un gazoduc avec son homologue turc, l’occasion pour les deux dirigeants de parler du dossier libyen. Jeudi, le président américain Donald Trump a dans un appel téléphonique mis en garde son homologue turc Recep Tayyip Erdogan contre toute « interférence étrangère » en Libye. Le président Trump a souligné que « l’interférence étrangère compliquait la situation en Libye », a indiqué la Maison Blanche dans un bref compte-rendu de l’appel.n