L’accélération des évènements de ces dernières 48 heures, caractérisées par la libération massive des militants du Hirak, ainsi que la nomination d’un gouvernement en rupture avec ce qui se faisait jusque-là, sont-ils en faveur d’un apaisement ? C’est en tout cas ce qu’on est tenté de croire au vu des innombrables gestes « de bonne volonté » opérés par le président Abdelmadjid Tebboune en fin de semaine. Le président a-t-il tiré les leçons d’une situation délétère qui a trop duré ? Veut-il opérer une véritable rupture avec les pratiques en vigueur avant son élection à travers des signaux positifs au peuple algérien ? Est-il question d’un changement de cap dans le traitement de la crise politique ? En tout état de cause, la population a poussé un grand « ouf de soulagement » lors de la libération de plusieurs détenus. L’on se rappelle, en effet, des cris de joie poussés à la sortie de prison de l’homme d’affaires Issad Rebrab et du moudjahid Lakhdar Bouregaâ, un des symboles de la glorieuse Révolution. De même que la libération des dizaines de détenus d’opinion et politiques dans plusieurs wilayas, à l’instar d’Alger, Constantine, Oran et Bordj Bou-Arérridj, a été très favorablement accueillie par la population. Le jeune poète Mohamed Tadjadit, le dessinateur Nime, Fouad Ouicher, journaliste blogueur, Abdelmondji Kheladi, Brahim Laâlami ainsi que plusieurs militants ont retrouvé la liberté. Il en est de même de la libération de l’ancien général, Hocine Benhadid et plusieurs autres détenus. Le second geste d’importance à mettre à l’actif des mesures d’apaisement de Tebboune est la nomination d’un gouvernement avec des figures neuves, jeunes et n’ayant aucun lien avec « la issaba ». L’on peut citer à titre d’exemple, Chems-Eddine Chitour, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Ferhat Aït Ali Braham, ministre de l’Industrie et des Mines, Abderrahmane Benbouzid, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. De même que le président a choisi de jeunes ministres qui n’ont pas occupé de postes de responsabilité auparavant. C’est le cas de Bessma Azouar, ministre des Relations avec le Parlement, Nassira Benharrats, ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Yassine Djeridene, ministre de la Micro-entreprise, des Start-up et de l’Economie de la connaissance, Fouad Chehat, ministre délégué chargé de l’Agriculture saharienne et des Montagnes, et de Aïssa Bekkai, ministre délégué chargé du Commerce extérieur. Ces changements et gestes inattendus de la part du président de la République interviennent de plus au moment où le Hirak et la société civile ainsi que des partis politiques réclament un changement tangible et de véritables mesures d’apaisement. Avec ces gestes, le président Tebboune a compris qu’il a plus à gagner en multipliant les gestes d’apaisement afin de redonner confiance. En tous les cas, le président a été à l’origine de mesures en rapport avec ses promesses électorales dans lesquelles il s’était engagé à apaiser les choses et à répondre aux exigences des citoyens et du Hirak.