Li Qiang, chef du parti à Shanghai, l’un des hommes de confiance les plus proches de Xi Jinping, est pratiquement assuré de devenir le prochain Premier ministre chinois en mars prochain après avoir été propulsé dimanche au rang de numéro deux du Parti communiste chinois (PCC). Il devrait remplacer Li Keqiang, 67 ans, qui prendra sa retraite. La probabilité que Li Qiang obtienne une fonction aussi élevée semblait pourtant limitée après sa gestion chaotique d’un confinement sévère de deux mois à Shanghai, durant lequel les 25 millions d’habitants de la ville avaient connu des difficultés d’approvisionnement en nourriture et en soins médicaux essentiels.
« S’il fallait une preuve (montrant) que la loyauté l’emporte sur la méritocratie dans la Chine de Xi, la promotion de Li Qiang en est une », a jugé pour l’AFP Richard McGregor de l’institut Lowy de Sydney, en Australie. « Li est peut-être suffisamment compétent et pourrait faire un bon Premier ministre, mais il est difficile de comprendre comment il en est arrivé là autrement que par les faveurs personnelles de Xi », a-t-il ajouté. Li Qiang était le chef de cabinet de Xi Jinping lorsque celui-ci était à la tête du parti dans le Zhejiang entre 2004 et 2007. Ses promotions rapides depuis reflètent le haut niveau de confiance que lui accorde Xi Jinping, affirment des analyses occidentaux. Il a été parachuté dans le Jiangsu par le président chinois en 2016 après qu’une affaire de corruption a conduit à la chute de plusieurs responsables provinciaux, avant de devenir l’année suivante secrétaire du parti à Shanghai.
La loyauté de Li Qiang envers le numéro 1 chinois est considérée par ces mêmes analystes occidentaux comme une manière pour Xi Jinping de faire passer son programme économique conservateur. L’actuel Premier ministre, Li Keqiang, un économiste de formation, avait vu ses projets de réformes économiques entravés par l’autorité grandissante de Xi Jinping. « Même si Li Keqiang a joué un rôle important ces derniers mois (…) lui et Xi Jinping sont en compétition depuis longtemps », a observé l’analyste politique Willy Lam de la Fondation Jamestown. « Les orientations économiques conservatrices vont devenir dominantes ». Xi Jinping a prôné à plusieurs reprises la « prospérité commune », caractérisée par la limitation des revenus excessifs dans les secteurs du divertissement et des technologies et le soutien aux importantes entreprises d’Etat.
Cette politique a pour objectif de réduire les inégalités de richesse, mais des critiques l’interprètent comme une référence aux politiques de l’ère Mao. « Ce sera mauvais pour l’économie mais idéologiquement c’est ce que souhaite Xi Jinping », a observé Willy Lam. Li Qiang prendrait ses fonctions à un moment où la deuxième plus grande économie du monde fait face à un net ralentissement, en raison notamment de l’inflexible politique « zéro Covid ». La semaine dernière, la publication des chiffres de la croissance trimestrielle a été reportée sans motif officiel. Le FMI anticipe une croissance de 3,2% cette année, soit la plus faible depuis 1976, à l’exception de l’année 2020 marquée par la pandémie. n