Répondre aux préoccupations quotidiennes des citoyens semble être une des priorités du président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui ne veut pas entendre parler de disparités en matière de développement entre les différentes régions du pays. Deux mois après son accession au pouvoir, le chef de l’Etat instruit son gouvernement d’organiser au plus vite la traditionnelle rencontre avec les walis de la République.
Lundi, à l’occasion du Conseil des ministres qu’il a présidé, le Président a annoncé « une réunion walis-gouvernement au début de la deuxième quinzaine du mois de février en cours », indiquait le communiqué de la présidence. Dans l’exposé présenté par le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, sur un programme de développement d’urgence multisectoriel, pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens, il a été relevé « des disparités de développement et des déséquilibres » entre wilayas du Nord, des Hauts-Plateaux et du Sud, ainsi qu’entre les zones urbaines, rurales et montagneuses, et même entre agglomérations principales et les périphéries. Ce qui n’a pas été du goût du chef de l’Etat qui, dans son intervention, s’est montré ferme à mettre fin à cette situation.
Exhortant les walis à réaliser un recensement global des zones d’ombre, où vivent des citoyens défavorisés, le président Abdelmadjid Tebboune a déclaré dans ce sens : « Je vis la réalité du citoyen et je n’accepterai jamais qu’il y ait un citoyen de première zone et un autre de deuxième ou de troisième zone ».
Pour lui, « les fruits du développement doivent s’étendre à toutes les régions et à l’ensemble des citoyens ». Certes le défi de la relance de la machine économique reste au centre de la politique de l’Etat. Mais, le Président qui a déjà mis les préoccupations des citoyens au cœur de sa campagne électorale, veut vite se pencher sur les retards qu’accusent les collectivités locales en la matière. D’où la mise en place, par le gouvernement, d’un programme de rattrapage multisectoriel pour pallier ces retards accusés dans l’application des programmes sectoriels décentralisés.
Prérogatives
Très souvent, les collectivités locales se plaignent du blocage de certains projets au moment où d’autres traînent, à cause de la centralisation de la décision, voire de l’insuffisance des budgets. Il est vrai que l’exemple de la gestion des communes dont les élus ne cessent de réclamer plus de prérogatives, reste édifiant. Les représentants du peuple au niveau local se trouvent otages de l’administration centrale et ne peuvent en réalité que s’occuper de la gestion de quelques projets de voiries, de distribution du réseau d’électricité, de gaz et d’eau. Le comble, c’est que même à un tel niveau, les dysfonctionnements sont énormes. Ce qui a poussé le Président à en parler d’ailleurs en plein Conseil des ministres. « Si une zone est dépourvue d’électricité, les autorités locales doivent la raccorder au lieu le plus proche où elle est disponible. A défaut, les kits d’énergie solaire peuvent être utilisés. Si le raccordement au réseau AEP est impossible, il faut recourir à l’approvisionnement par citernes. S’il est impossible de construire une école en raison du nombre insuffisant d’élèves, il faut construire une classe », a instruit Abdelmadjid Tebboune.
Guerre contre la corruption
Mais, d’un autre côté, il faut admettre que la corruption, le gaspillage et le manque d’initiatives ont fait que dans certaines localités, le développement est resté au point mort, à cause justement de ces vieilles pratiques de la période de « El bahbouha El malia » ou « aisance financière » sous Bouteflika. Ordonnant d’ailleurs le transfert des PCD non encore réalisés en faveur des besoins réels des populations des communes, Tebboune « a ordonné de déclarer la guerre contre le gaspillage et les dépenses douteuses et de lutter fermement contre la corruption, grande et petite, par tous les moyens légaux ». La prochaine réunion walis-gouvernement verra-t-elle enfin l’élaboration d’une feuille de route réaliste et applicable sur le terrain, à même de relancer le développement local et permettre à la collectivité d’abord d’offrir une vie décente au citoyen et de contribuer ensuite à l’économie nationale ? La volonté y est, d’où la rapidité avec laquelle ce dossier est traité en haut lieu deux mois après l’arrivée de Tebboune à la présidence. Reste le comment. Un défi sur lequel devra se pencher le gouvernement d’Abdelaziz Djerrad, qui doit faire appel aux expertises et compétences en gestion des collectivités pour y parvenir. <