Le choix de leur union nationale de différer leur mouvement de protestation destiné à rappeler au gouvernement les conséquences de l’interruption de leur activité à cause des mesures sanitaires de lutte contre la Covid-19 est dicté par le souci de «dialoguer» et de donner à leur tutelle le temps nécessaire pour concrétiser ses engagements…
La menace d’organiser une marche escargot, lancée dernièrement par l’Union nationale des transporteurs (UNT), prévue pour aujourd’hui, a été reportée au 20 septembre prochain. C’est le président de l’UNT, Belal Mohamed, qui l’a confirmé hier. Contacté par Reporters, il explique que le bureau national de l’UNT, qui s’est réuni hier, «après concertation, a décidé de surseoir la date de mise à exécution de l’opération escargot comme décidé par le bureau auparavant pour le 2 septembre courant». Ce dernier soutient que l’option de ce recul a été décidée après que le ministre des Transports Lezhar Hani «m’a demandé au téléphone de l’excuser de ne pas pouvoir rencontrer les représentants des transporteurs inter-wilayas pour des raisons d’agenda, mais qu’il s’engageait à le faire dans les plus brefs délais». Mais pour le responsable, «si d’ici le 20 septembre, le ministre ne respecte pas son engagement, nous serons obligés d’exécuter notre menace et cela bien entendu sans préavis».
Cela dit, il convient de savoir que l’UNT a, dans son communiqué rendu public hier, expliqué la décision de temporiser prise par l’ensemble des bureaux de wilaya «par souci de ne pas pénaliser les candidats qui doivent se rendre aux centres d’examen du Brevet de l’enseignement moyen (BEM) qui doit se dérouler le 7 septembre prochain et ceux du baccalauréat, le 13 septembre», est-il mentionné. Il est également souligné dans le communiqué que le recours à une opération escargot a été décidé «à l’unanimité par l’ensemble des bureaux de wilaya après avoir constaté que le ministère des Transports tardait à prendre acte de la plateforme des revendications des transporteurs inter-wilayas». Depuis, et notamment avec l’entrée en vigueur du déconfinement progressif, ils ne cessent de monter au créneau pour faire connaître aux responsables de leur secteur d’activité ce qu’ils endurent pour cause d’inactivité. Mais ce qui les étonne le plus, c’est que des secteurs de services ont été autorisés à reprendre du service. Ce qui les a poussés à bout et, par voie de conséquences, les a décidés d’une opération escargot. Cette action est considérée, selon eux, comme moyen de pression sur les pouvoirs publics pour arracher l’autorisation de reprendre leur activité. Il faut dire que l’action a été appuyée par d’autres organisations syndicales du secteur des transports. En effet, le président de la Fédération nationale des transporteurs de voyageurs et de marchandises, affiliée à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Abdelkader Bouchrit, a expliqué à Reporters que «le recours à une telle menace traduit tout le désarroi de ces catégories professionnelles» Et de nous préciser : «Cette action qui émane d’un groupe de transporteurs consistera à faire rouler bus et taxis lentement à travers les axes routiers de la capitale .» Le même responsable nous a souligné que «notre organisation attend une éventuelle réponse des services du Premier ministère pour qu’elle fasse partie des membres de la commission d’évaluation des incidences de la pandémie du coronavirus sur l’économie nationale, créée sur décision du chef de l’Etat». De son côté, Hocine Bouraba, président de l’Organisation nationale des transporteurs algériens (ONTA), contacté par nos soins, juge que «les transporteurs de voyageurs inter-wilayas doivent reprendre du service comme les autres secteurs, tels que les restaurants, cafés et plages». Et de s’interroger «pourquoi cette discrimination ?»
Pour l’heure, les transporteurs n’auront d’autre choix que d’espérer qu’avant le 20 septembre, ils seront fixés sur leur sort. n