Après plusieurs mois de suspension des cours, les universités ont rouvert hier leurs portes pour accueillir les étudiants afin d’achever le programme pédagogique de l’année universitaire 2019/20.

PAR NAZIM B et LEILA ZAIMI
Réclamée depuis des semaines par une partie des étudiants et plutôt appréhendée par d’autres voix de la communauté universitaire, la reprise ne s’est pas effectuée dans la sérénité souhaitée.
C’est plutôt à une reprise plutôt poussive qu’on a assisté au vu des manquements déplorés par les étudiants, notamment en matière de moyens de transport et auxquels la tutelle se doit d’apporter des solutions.
Les échos parvenus de l’ensemble des universités du pays renseignent sur une disparité quant à la réussite de cette reprise marquée du sceau des mesures de prévention contre la pandémie du coronavirus.
Il y a, en effet, des universités dont les conditions ont été réunies et où les étudiants étaient globalement au rendez-vous. Ce n’est cependant pas le cas dans certains établissements où les étudiants ont plutôt brillé par leur absence.
Même s’il serait prématuré de faire une évaluation au premier jour de cette reprise, dont il faudrait attendre encore quelques jours pour voir si les conditions sont réellement réunies pour prétendre achever l’année universitaire, force est de constater que le retour de la vie dans les campus a été vue sans les acteurs qui lui sont connexes, particulièrement le transport.
Sur cette question, le ministre de l’Enseignement supérieur, en visite, hier, à Laghouat, pour donner le coup d’envoi de la reprise, a indiqué que son département se «mobilisera, en coordination avec les pouvoirs publics, pour exploiter provisoirement le parc roulant du transport universitaire afin d’assurer de manière graduelle le transport des étudiants, notamment ceux des écoles supérieures et des spécialités au nombre limité d’étudiants».
Beaucoup d’étudiants se sont en effet plaints de ne pas pouvoir se rendre dans leur université à cause du maintien de la suspension des transports entre les villes dans le cadre des mesures de prévention contre la propagation du virus de la Covid-19. Pourtant, les étudiants que nous avons approchés à la veille de cette reprise pour savoir comment se ils préparaient à ces retrouvailles avec leur milieu ont dit, à l’unisson, qu’ils attendaient cet instant avec impatience. C’est le cas d’Abderrahmane, 25 ans, étudiant en Master 2, spécialité Education physique et sportive, à l’université de Tissemsilt, qui fait de sa volonté à rattraper vite le retard causé par la suspension des cours. «Dans ma spécialité, nous avons enregistré un grand retard. Nous n’avons pas entamé les cours du deuxième semestre de l’année. Les rattrapages du premier semestre sont suspendus. A mon avis, il est temps de reprendre. Le retard n’est pas en notre faveur», a-t-il indiqué. Pour regagner les amphis, notre interlocuteur dit que la majorité des étudiants réclament des séances de préparation et de révision avant de passer les examens. «Nous avons besoin d’être encadrés et accompagnés avant les examens. Nous ne sommes pas prêts pour aller directement aux examens», a-t-il dit. Pour ce qui est de l’enseignement à distance auquel avait recouru la tutelle, le jeune étudiant a indiqué qu’une grande partie des étudiants n’a pas poursuivi le peu de cours diffusé sur le net, les réseaux sociaux surtout, et ce, faute de moyen et parfois de volonté.
«A l’ouest du pays, notamment dans les régions intérieures, les habitants n’ont pas accès à la technologie. Ils sont déconnectés de la modernité. Comment voulez-vous qu’ils suivent les cours à distance ? D’autre part, il y a beaucoup d’étudiants qui possèdent des moyens, mais ils ne sont pas convaincus par l’enseignement à distance. Donc, somme toute, je ne vois pas la réussite de cette option chez nous», a-t-il regretté.
Pour Ali, 28 ans, étudiant à l’ENA, il ne fait point de doute que «les étudiants veulent reprendre», estimant qu’il appartient à la tutelle et aux établissements de préparer les conditions. «Aujourd’hui, la reprise s’impose, après plus de 6 mois de vacances. Si nous ne reprenons pas, nous risquons d’aller vers une année blanche», estime-t-il. S’agissant de l’expérience de l’enseignement à distance, Ali a souligné que «la complexité» de ce mode d’enseignement qui ne met pas les étudiants sur un pied d’égalité invite la tutelle à offrir les conditions nécessaires pour un tel enseignement. Un avis que ne partage pas le ministre du secteur, pour qui «cette expérience d’enseignement à distance a été largement saluée par les acteurs après qu’elle se soit avérée comme choix primordial à développer en perspective», ajoutant que «les établissements universitaires ont fait preuve de compétences de s’y adapter en dépit des contraintes rencontrées afférentes notamment au faible débit de l’internet».
Le ministre a déclaré, par la même occasion, que les efforts du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique se dirigent «vers l’adoption de l’enseignement à distance, la formation en alternative, en fonction des exigences de la modernisation».
Par ailleurs, M. Benziane a indiqué, que les établissements universitaires sont sollicités à «coordonner avec les autorités locales et services concernés en vue de sécuriser la reprise des activités pédagogiques de présence».