Le dialogue tant réclamé par les syndicats du secteur est en cours puisque Mohamed Ouadjaout continue de recevoir leurs représentants pour aborder les préoccupations d’ordre éducatif et socioprofessionnel des différentes catégories.
Ce dialogue ne semble cependant pas satisfaire les chefs des organisations syndicales qui exigent plus que de la «bonne parole ministérielle» et une réponse effective aux doléances formulées. Insatisfaction justifiée ou chantage inapproprié sur fond de rupture de confiance entre les deux parties ? Question ouverte !
Zoubir Rouina, secrétaire général du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), est sorti «insatisfait» de sa rencontre tenue samedi dernier avec le premier responsable du secteur. «Nous avons pris part à une rencontre avec le ministre en dépit des réserves que nous avons exprimées. Nous avons besoin que nos revendications soient concrétisées sur le terrain et non pas de nous recevoir sans réaliser d’avancées», dit-il, en rappelant que l’Intersyndicale de l’Education avait dernièrement dénoncé le manque de communication. «Nous sommes pour le dialogue, mais nous ne voulons pas de rencontres sans suites favorables», ajoute M. Rouina, pour qui la communauté éducative «subit une pression socioprofessionnelle accentuée par l’érosion du pouvoir d’achat et la dégradation des conditions de travail».
S’agissant du Syndicat national des superviseurs et d’adjoints de l’éducation (SNSAE) reçu lundi dernier, il indique que le ministre les a rassurés sur un nombre de revendications.
«Le ministre a promis de satisfaire nos revendications, mais cela ne reste que des promesses, car le ministre n’a aucun agenda précis pour la concrétisation de ses promesses». «Le syndicat tiendra un conseil national et décidera des actions à entreprendre», indique Smaïl Siouani, membre du SNSAE.
Pour rappel, le ministre a reçu lundi des représentants du SNSAE, du Syndicat national autonome des fonctionnaires de l’éducation (SNAFE), du Syndicat national des travailleurs professionnels du secteur de l’éducation (SNTPE) et du Syndicat algérien du personnel de l’éducation (SAPE). Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre de «la poursuite de la série de rencontres bilatérales programmées par le ministère avec les partenaires sociaux, en vue de soulever et aborder les préoccupations d’ordre éducatif et socioprofessionnel». Le premier responsable du secteur a, à l’occasion, réitéré «sa volonté sincère de fonder une nouvelle approche, à même de faire prévaloir la politique de dialogue et de concertation dans le traitement des préoccupations soulevées».
Pour le ministre, cette culture de dialogue devra «consolider la bonne gouvernance dans le secteur et aider à faire face aux difficultés et aux défis, tout en prenant en considération l’intérêt suprême du pays et en faisant preuve d’un sens élevé de responsabilité et de consensus». M. Ouadjaout a fait part de «la grande confiance du ministère quant à la conscience de ses partenaires», afin, a-t-il ajouté, que tout un chacun puisse «concevoir et développer une stratégie nationale globale et complémentaire, à même de relancer le secteur».
Le ministre recevra aujourd’hui le Syndicat national des directeurs des écoles primaires (Snadep) qui avait demandé, il y a quelques mois, une audience. «Nous allons exposer nos revendications», dit Abdelkrim Gaid, président du Snadep, qui souhaite que la tutelle prenne en charge leurs revendications. Pour lui, le ministre a beaucoup de volonté pour régler les problèmes socioprofessionnels du secteur et ceux liés au volet pédagogique, mais le «cumul rend la tâche difficile», estime notre interlocuteur.
«Le ministère est en face d’un cumul de revendications qu’il ne pourrait pas régler du jour au lendemain», dit M. Gaïd qui rappelle qu’un syndicat est un «partenaire social et une partie de la solution et non du problème». «Nous proposons des solutions aux problèmes qu’on soulève», ajoute le président du Snadep qui exige de libérer l’école primaire de la gestion des communes qui «ont failli à leur mission». Ce dernier compte faire part au ministre du refus des directeurs à assumer la vente du livre scolaire sauf si l’Office national des publications scolaires (ONPS) décide de consacrer un pourcentage des gains de la vente du livre aux écoles.
«L’ONPS consacre 3% des bénéfices de la vente du livre aux CEM et lycées et aussi aux bibliothèques avec lesquelles il a conclu un accord, on demande que ce soit le cas pour les écoles du cycle primaire pour qu’on se charge de la vente des manuels scolaires», ajoute-t-il. <