PAR MILINA KOUACI

Sans surprise, le gouvernement a décidé de prolonger la suspension des cours d’une semaine supplémentaire, et ce, à compter d’aujourd’hui ; une mesure imposée par la tendance haussière des cas de contaminations à la Covid-19. La reconduction de cette mesure est saluée par les acteurs sociaux et parents d’élèves, qui estiment qu’elle est à la fois nécessaire et salutaire. Les partenaires sociaux s’inquiètent en revanche du retard cumulé des cours non dispensés. Pour y remédier, ils émettent des propositions pour avancer dans l’application du programme scolaire, notamment, pour les élèves des classes d’examen de fin d’année.
«Dans le contexte actuel de crise sanitaire, la fermeture des écoles s’impose», s’accordent à dire des syndicats du secteur enseignants. De leurs avis, la décision de prolonger la suspension des cours a été prévisible du fait que le contexte ayant provoqué la suspension des cours reste d’actualité. «Nous nous sommes attendus à cette décision portant prolongation de la suspension des cours», dit Zoubir Rouina, secrétaire général du Conseil des lycées d’Algérie (CLA). Pour lui, le contexte ayant provoqué la suspension des cours reste d’actualité, ajoutant que le personnel et les élèves touchés par l’épidémie se rétablissent toujours du coronavirus. «Les enseignants et les élèves sont toujours en convalescence. Ils ne peuvent, par ricochet, reprendre dimanche (aujourd’hui)», dit-il. Ce dernier plaide pour que les autorités compétentes prennent en charge les frais des tests de dépistage.
Pour sa part, le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, estime qu’il aurait été «judicieux» de procéder à une fermeture ciblée au cas par cas. «La fermeture généralisée des écoles est désastreuse pour les enfants», dit-il, s’appuyant sur l’Unicef qui a plaidé pour maintenir les écoles ouvertes. Il insiste, par ailleurs, sur l’importance de mettre au profit des établissements les moyens humains et matériels permettant l’application du protocole sanitaire. Il appelle à consacrer cette semaine à la stérilisation des écoles et leurs équipements en produits d’entretien et de lutte contre le coronavirus. De son côté, le président de l’Organisation nationale des parents d’élèves (ONPE), Ali Benzina, rappelle que son organisation a toujours fait état de la non-application du protocole sanitaire dans les écoles et du relâchement dans l’observation des mesures barrières. «Nous avons appelé au renforcement du protocole sanitaire et mis en garde des conséquences du relâchement», souligne le président de l’ONPE. Nos interlocuteurs s’inquiètent de la problématique du rattrapage du retard cumulé notamment, si la situation sanitaire ne s’améliore pas, mais pensent en contrepartie à des propositions et alternatives.

Rattrapage des cours en question
L’étendue des cours perdus diffère d’un établissement à un autre, en particulier au niveau des écoles ayant connu des mouvements de grève depuis novembre dernier, selon les syndicats, lesquels estiment que le ministère «doit faire un listing des cours non dispensés et de ceux devant être rattrapés».
Les syndicats et parents d’élèves proposent de réduire la durée des vacances de printemps à une semaine, fixer les examens en deux phases pour les trois paliers et exploiter les semaines des examens, des devoirs et corrections du 2e trimestre pour rattraper les cours non dispensés. «Nous sommes entre 30% à 35% d’application du programme scolaire, la suspension des cours pour une nouvelle semaine accusera un retard énorme», dit Boualem Amoura. Ce dernier estime que la tutelle procédera à la réduction des vacances de printemps d’une semaine pour rattraper les cours perdus, sans écarter la possibilité de fixer cette année un seuil d’accès au niveau supérieur. Moins alarmiste, le secrétaire général du CLA pense qu’il serait «facile» de rattraper les 12 jours de cours perdus. «Je pense qu’on ira vers des examens à deux phases. C’est ainsi que nous allons gagner du temps à mettre à profit pour dispenser les cours perdus», ajoute M. Rouina. Quant aux parents d’élèves, ils reprochent à la tutelle de ne pas anticiper les crises. «Le coronavirus sévit depuis deux années maintenant. Le ministère aurait dû anticiper et préparer des plans exceptionnels et opter pour un système d’évaluation de deux phases pour pouvoir rattraper les cours perdus», soutient Ali Benzina. Sauf dégradation de situation sanitaire, les établissements scolaires des trois paliers de l’Education nationale devraient rouvrir leurs portes dimanche 6 février prochain, font remarquer les partenaires sociaux. Le gouvernement, pour rappel, a décidé de prolonger la suspension des cours dans l’objectif de préserver la santé des citoyens et à les prémunir contre tout risque de propagation du Coronavirus et afin d’éviter que les écoles ne se transforment en foyers épidémiques. Il a, à cette occasion, rappelé la nécessité d’intensifier les opérations de vaccination des fonctionnaires et personnels, notamment au niveau des secteurs de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle.