Par Sihem Bounabi
Les professionnels de la santé ont salué les décisions du président de la République Abdelmadjid Tebboune concernant leur secteur, lors du dernier Conseil des ministres. Il a donné des instructions pour la révision des statuts particuliers de toutes les catégories professionnelles du secteur, la séparation entre la gestion administrative et médicale des établissements de santé ainsi que la modernisation du secteur notamment à travers la création de pôles d’excellence de santé.
Suite à l’annonce de ces décisions, Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSP), a déclaré, hier : «Nous prenons acte de ces décisions et nous les saluons comme nous avons déjà salué les annonces du président de la République en 2020 et 2021. Mais la problématique est le retard que prend l’application des décisions du Président.» Il estime ainsi que «le diagnostic est fait depuis longtemps sur le dysfonctionnement total du système de santé, aggravé par la pandémie de la Covid». Enchaînant que «les outils sont là aussi pour améliorer le secteur, il suffit de les rendre effectifs à l’instar de la loi sanitaire 2018, dont les textes d’application ne sont pas encore publiés, mais également la carte sanitaire, les réformes hospitalières et la révision des statuts que l’on attend toujours».
Dr Mohamed Yousfi affirme ainsi que «l’urgence, aujourd’hui, est la réhabilitation des professionnels de la santé avec une révision des statuts particuliers qui soit à la hauteur des attentes des travailleurs de la santé et qu’elles aboutissent rapidement». Précisant : «Et cela en tenant compte de nos propositions validées avec le ministère de la Santé sans que ce soit censuré au niveau de la Fonction publique». Il insiste ainsi sur le fait qu’«il ne faudrait pas que cette révision soit réduite à une peau de chagrin, car il s’agit de préserver nos droits en tenant compte des spécificités du secteur de la santé et des instructions du président de la République».
Concernant l’instruction du Président pour la séparation entre la gestion administrative et la gestion médicale, Dr Mohamed Yousfi affirme à ce sujet que «tout le monde est d’accord pour dire que le système de santé souffre d’une mauvaise gestion». Et enchaînant : «La loi sanitaire est claire à ce sujet, notamment concernant le volet de la contractualisation et de la numérisation. Pourtant cela fait quatre ans et demi que cette loi est dans les tiroirs et attend toujours les textes d’applications.»
Estimant dans ce sillage qu’«il est clair qu’il faudrait sortir de cette gestion administrative qui prend le dessus sur les questions médicales et vice versa» et ajoutant qu’«il faudrait aussi donner un aspect exécutif au conseil médical et scientifique car il a un rôle purement consultatif».
De son côté, Dr Abdelhalim Salah Laouar, président du Syndicat national des médecins généralistes de la santé publique (SNMG /SP), met également en exergue l’importance de cette distinction entre la gestion administrative et médicale en soulignant qu’«il était temps de clarifier les rôles de chacun et la séparation entre l’acte de gestion et l’acte médical proprement dit». Argumentant que «souvent, il y a eu un constat de situation de conflit entre les gestionnaires et les équipes médicales et paramédicales autour essentiellement du parcours du patient». Il appelle ainsi à la mise en place de textes réglementaires qui existent déjà «à même de déterminer les responsabilités des uns et des autres afin de permettre une meilleure prise en charge du malade à travers l’efficacité des interventions de chaque côté dans le cadre de ses prérogatives».
Dr Abdelhakim Salah Laouar appelle également à la réhabilitation de certains comités en plus du comité médical, tels que le comité du médicament qui peut aider à l’acte de gestion. Il a toutefois précisé qu’il ne faudrait pas tomber dans la cogestion ou souvent on trouve un personnel médical mêlé à des actes de gestion administrative alors que ce n’est pas de leurs prérogatives. A l’exemple de certains syndicats qui se retrouvent dans des actes de gestion qui se reflètent négativement sur le bon fonctionnement des établissements sanitaires et par ricochet sur la prise en charge des malades».
En réaction à la décision du président de la République quant à la nécessité de la spécialisation des établissement sanitaires et la création de pôles d’excellence de santé, le président du SNMG/SP confie que «c’est une bonne chose et c’est un point crucial, ce qui va permettre une équité et une justice dans l’accès aux soins spécialisés». Ajoutant que «cela va aussi permettre de faciliter le parcours du patient qui ne sera plus appelé à se déplacer d’une région à l’autre. Il sera soigné localement avec les meilleures compétences disponibles et sortir de cet aspect des hôpitaux généraux qui manquent souvent de moyens et de personnels spécialisés».
En outre, concernant l’instruction du président de la République sur la révision des statuts, il déclare que «nous avons noté avec satisfaction cette nouvelle. Nous sommes conscients de l’amélioration des salaires à travers la révision des statuts particuliers et nous sommes ravis de cette augmentation qui va améliorer les conditions sociales des travailleurs en général». Toutefois, il tient à souligner qu’il s’agit de revoir les statuts particuliers afin qu’il y ait une réelle prise en charge des revendications légitimes des travailleurs du secteur de la santé en général et ceux des médecins généralistes en particulier. Ceci en espérant que la Fonction publique prendra en considération la refonte des statuts particuliers des médecins généralistes parce que cette refonte applique en réalité une partie de ce qui est contenu dans la loi de la santé par rapport aux médecins référents et concerne aussi la place du médecin dans le système de santé algérien».
Par ailleurs, s’exprimant sur le site électronique TSA, Dr Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), a confié au sujet de la révision des statuts particuliers que «l’amélioration des conditions sociales est tributaire de la révision des statuts, de la loi relative aux pensions et aux allocations et du point indiciaire pour qu’il ait un impact direct sur les salaires». Quant au président du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), Ghachi Lounès, il a salué les annonces du président de la République concernant la corporation des paramédicaux mettant en exergue le fait que les paramédicaux «ont besoin d’un accompagnement en vue de parvenir à une formation de qualité permettant d’atteindre les objectifs escomptés». <