Le pétrole a clôturé, la semaine dernière, avec un glissement à son plus bas niveau en six mois. Le rétablissement, dès demain, des sanctions contre les exportations iraniennes du pétrole planaient sur les transactions de la semaine comme un spectre menaçant la sécurité de l’approvisionnement mondial en brut, malgré les tentatives américaines d’atténuer à la fois les inquiétudes et la pression sur l’offre.

Sur la semaine, les contrats à terme ont chuté de 6,3%, la plus forte baisse depuis début février. Les Etats-Unis ont accordé des dérogations à huit pays -dont la Turquie, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud – les seuls à pouvoir continuer à acheter du pétrole iranien après l’entrée en vigueur des sanctions. Une tentative d’empêcher une flambée des prix. Les premiers contrats laissent entrevoir un marché échappant aux craintes d’une pénurie imminente, mais les Etats-Unis ne peuvent, toutefois, crier victoire, puisque, à terme, il sera question de compenser un volume de 4,5 millions de barils. En tout cas, le mouvement de ces dernières semaines sur le marché est pour le moins spectaculaire. Le Brent, qui avait bondi, début octobre, à son plus haut niveau en quatre ans, connaît une véritable déroute ces derniers jours, laissant craindre le surgissement des vieux démons qui ont mis le marché en état d’alerte durant plusieurs mois. En d’autres termes, le marché est passé des pronostics d’une pénurie imminente au quatrième trimestre de l’année à des prévisions tout à fait opposées d’une offre excédentaire imminente, conséquemment aux mesures prises par les Etats-Unis, plus grand consommateur mondial de brut et troisième plus grand producteur. Entre autres mesures prises par Washington à même d’atténuer l’effet des sanctions sur le marché, la permission accordé à la Chine, plus grand acheteur du pétrole iranien, de continuer à s’approvisionner auprès de Téhéran. Le président Trump a déclaré que les pourparlers avec la Chine se déroulaient bien et qu’il pensait que les deux pays parviendraient à un accord commercial. Les Etats-Unis ont procédé également au renforcement de leurs réserves stratégiques cette semaine et disent pouvoir compter sur l’Opep qui a, maintes fois, déclaré être disposée à intervenir si besoin est. L’Organisation a d’ores et déjà augmenté sa production de 430 000 barils par jour, à 33,33 millions de barils par jour en octobre, son niveau le plus élevé depuis 2016, en prévision, assurément, d’un retour des sanctions contre l’Iran. L’Arabie saoudite a augmenté sa production de 150 000 barils par jour pour atteindre 10,68 millions de barils, un chiffre record jamais égalé depuis 1962. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé dans son dernier rapport que l’Arabie saoudite disposera d’environ 1,3 million de baril par jour de capacités inutilisées, alors que d’autres pays, tels que la Russie, les Emirats arabes unis et l’Irak pourraient également en produire un peu plus. Les volumes iraniens ont, en revanche, reculé de 10 000 barils par jour pour atteindre 3,42 millions. Les livraisons iraniennes ont chuté de 37% depuis l’annonce du Président américain de son intention de réimposer des sanctions contre l’Iran. Une baisse de 1,1 million de barils par jour. Une coupe dans les expéditions iraniennes qui devrait s’accentuer dans les mois à venir, ce qui fait dire à certains analystes que l’essentiel de l’impact des sanctions n’a pas encore eu lieu. L’effet immédiat des sanctions s’est traduit par le retrait de certaines majors pétrolières de l’Iran, dont Total et Royal Dutch Shell, qui ont aussitôt interrompu leurs achats de crainte qu’elles soient éjectées du système financier américain. L’Iran dit qu’il est confiant que ses ventes dépasseront 1 million de barils par jour sur les mois à venir et que les sanctions américaines sur son pétrole seraient sans effet. D’aucuns pensent, en tout cas, que le rétablissement des sanctions contre l’Iran sera sans effet à la fois sur le marché et sur l’économie iranienne. Mais tout le monde s’accorde à dire que les conséquences pourraient être atténuées quelque peu par la contribution des grands producteurs. Cependant, si les Etats-Unis venaient à passer à la vitesse supérieure dans leurs sanctions, étouffant totalement les approvisionnements iraniens, les capacités disponibles pourraient être complètement épuisées, ne laissant presque plus rien pour couvrir les perturbations inattendues dans les autres points chauds.