Les rencontres bilatérales que le ministère de l’Education nationale a initiées avec son partenaire social ont pris fin hier. Ces réunions, entrant dans le cadre d’une série de rencontres consultatives périodiques avec les partenaires sociaux, ont été consacrées au débat et à l’examen des dispositions et mécanismes de révision des statuts particuliers et aux questions à caractère socioprofessionnel. Elles se sont tenues dans un contexte très agité, marqué par la récurrence des mouvements de contestation.
Par Milina Kouaci
En dépit d’une grogne qui refuse de s’estomper, la tutelle a reçu depuis le 17 mai dernier 23 syndicats autonomes du secteur, qui ne cessent depuis plus d’un mois d’exprimer leur «colère» sur leur situation professionnelle et sur la dégradation du pouvoir d’achat. Du côté de l’Intersyndicale, la réunion décisive qui aura lieu aujourd’hui déterminera la suite de la contestation particulièrement en cette période d’examens de fin d’année scolaire.
S’agissant des consultations menées jusque-là par la tutelle, de nombreux syndicats estiment que ces rencontres n’ont été qu’une «formalité» à travers laquelle le ministère a exprimé encore une fois «des promesses ressassées». «Ce qui différencie ces rencontres des précédentes est qu’elles sont le résultat d’une instruction du président de la République qui a ordonné d’ouvrir le dialogue avec le syndicat du secteur et de revoir le statut particulier», argue Sadek Dziri, président de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef). «Comme d’habitude, le ministre a promis de soulever les questions qui ne sont pas de ses prérogatives au gouvernement», ajoute notre interlocuteur. D’après le président de l’Unpef, les syndicats du secteur ont demandé au premier responsable du secteur de «réviser à la hausse les salaires en urgence et d’instituer de nouvelles primes pour apaiser la colère montante du personnel, «mais la tutelle n’a pas répondu aux revendications essentielles et veut tout restreindre au statut particulier», regrette M. Dziri. «Nous avons soulevé des questions liées aux salaires, à la protection du pouvoir d’achat, la revalorisation des salaires et du point indiciaire ainsi que l’application du décret présidentiel 14/266, mais la tutelle invoque à chaque point le statut particulier qui contiendra tous ses aspects réunis», relate le président de l’Unpef qui reproche à la tutelle «une approche visant à réduire toutes les préoccupations et problèmes des travailleurs du secteur au seul statut particulier qui ne sera élaboré que dans une année au minimum». Ce qui inquiète les syndicats autonomes est que le «personnel du secteur ne peut plus patienter davantage. Il veut que sa situation s’améliore», poursuit M. Dziri, qui rappelle que le personnel enseignant continue de se mobiliser depuis plusieurs semaines et rien n’apaisera sa colère que des engagements concrets». En attendant de réviser le statut particulier, plusieurs syndicats ont demandé d’augmenter en urgence l’indemnité de soutien scolaire et remédiation pédagogique (ISSRP) servie mensuellement au taux de 15 % au personnel enseignant, de l’orientation et de la guidance scolaire et professionnelle, personnel d’intendance et de laboratoire à 50% en attendant d’avoir un nouveau statut particulier.
Le collectif de 13 syndicats, qui a initié le rassemblement de protestation devant l’annexe du ministère de l’Education nationale à Ruisseau (Alger) mercredi dernier, se réunira aujourd’hui afin de décider des actions à entreprendre. Ces derniers qui avaient décidé de boycotter de toutes les activités administratives de fin d’année, «décideraient aujourd’hui l’avenir des actions dudit collectif ainsi que la possibilité de boycotter les examens de fin de cycle», poursuit notre interlocuteur. Il explique que la décision de boycotter les tâches administratives n’aura pas d’impact négatif sur le bon déroulement des examens. Les élèves des cycles moyens et secondaires seront examinés à partir d’aujourd’hui pour le deuxième et dernier trimestre. «L’avenir des élèves ne sera pas compromis. Ils seront examinés. Les enseignants ont décidé de boycotter les activités administratives, ils ne transmettront pas les notes à l’administration», ajoute le président de l’Unpef.
Les mises en garde de la tutelle ne semblent pas faire reculer les syndicats enseignants qui maintiennent leur position concernant le boycott de l’encadrement du baccalauréat. En effet, des bureaux locaux du Conseil national autonome des proviseurs de lycée ont décidé de boycotter l’encadrement du baccalauréat en attendant que le syndicat prenne une décision finale au cours de cette semaine.
Pour rappel, les revendications des syndicats enseignants tournent autour du pouvoir d’achat et du retour à la retraite proportionnelle sans conditions d’âge et à l’augmentation du point indiciaire.