Qu’il joue ou qu’il ne joue pas, Cristiano Ronaldo reste la principale matière des médias. Mardi, il n’était pas dans le onze de départ du Portugal face à la Suisse (6-1) en 1/8 de finale de Coupe du Monde 2022. Forcément, c’était un évènement, puisque CR7 avait débuté à chacun des matchs officiels de la sélection lors des 15 dernières années. Ce changement de statut, qui serait stratégique selon le sélectionneur Fernando Santos, a naturellement fait les choux gras de la presse mondiale qui semble pressée d’enterrer la carrière géniale du quintuple Ballon d’Or.

Par Mohamed Touileb
Tout a commencé l’été dernier avec cette intersaison où rien ne s’est passé comme prévu pour celui qui est devenu, en mars dernier, le meilleur buteur de l’histoire du football. Le fait qu’il ne soit plus un titulaire à Manchester United sous les ordres de Ten Hag n’a pas arrangé les choses.
Pourtant, le technicien Néerlandais avait assuré que l’ancien sociétaire du Real Madrid et de la Juventus Turin faisait partie entière de ses plans. Sauf que cela n’a pas été prouvé. L’ex-entraîneur de l’Ajax Amsterdam n’a pas voulu le laisser bouger lors du mercato estival. Lors de cette période, le Lusitanien avait des envies de départ.

Déchéance accélérée
Et, selon la presse, il était indésirable dans tous les clubs. On est même arrivé à dire que le Sporting CP, son club formateur, n’en voulait pas. Si l’on se fie aux médias, le quadruple Soulier d’Or européen serait devenu un joueur lambda. En l’espace de quelques semaines. A en oublier qu’il venait de terminer 3e meilleur buteur (18 réalisations) de Premier League pour son retour en Angleterre après l’avoir quittée en 2009.
Le matraquage médiatique était surréel. C’est comme si l’on parlait d’un produit fini. Mais ce passage compliqué avait des raisons personnelles que l’attaquant, qui fêtera ses 38 ans en février prochain, a évoquées dans une interview avant la Coupe du Monde 2022. Il en a profité pour annoncer la fin de son aventure avec les «Red Devils».
Inévitablement, les spéculations autour de son prochain club n’ont pas tardé à s’accentuer alors qu’elle existait toujours depuis l’entame de l’exercice. Le statut de «persona non grata» perdure. On l’a même condamné au choix unique d’aller monnayer son talent en Asie puisqu’il ne remplirait plus les critères pour jouer dans un championnat européen majeur. C’était pour le moins aberrant et irrespectueux.

Il a pesé à sa manière au Mondial
Pour sa part, le buteur historique de la Ligue des Champions UEFA a entamé le Mondial avec la «Seleção». Lors de la première sortie, il décantait la situation face au Ghana (succès 3-2) en obtenant un penalty, qu’il a transformé, à l’expérience. Pour la deuxième sortie contre l’Uruguay, il y a eu ce «but fantôme» pour ouvrir le score et dans lequel il a joué un rôle important.
Pour Cristiano, il a touché le centre de Bruno Fernandes qui a trompé le portier uruguayen. Quelque part, la détente du légendaire numéro 7 était décisive pour faire sauter le verrou et donner l’avantage aux siens et acter la qualification. Le capitaine avait la conviction d’avoir touché le cuir. C’était son ressenti et il n’a pas hésité à le dire.
Mais, pour la presse, c’était un signe d’égoïsme et d’égocentrisme. Le seul tort de CR7 sur ce coup était d’avoir revendiqué une réalisation qui soignerait ses stat’ au Mondial.
Il n’en fallait pas plus pour le présenter comme un individualiste qui ne penserait qu’à sa personne. Après tout, il n’y a pas un attaquant qui se nourrit de passes décisives. Les buts sont l’essence des joueurs comme lui. Surtout quand ils n’arrivent plus à faire les raids qu’ils faisaient il y a quelques années en arrière. Et c’est justement les folles saisons qu’a accomplies et qui ont fait les Unes des différents sites qu’on a tendance à oublier et vite ranger dans le placard du banal. Et CR7 n’a pas pu répondre présent contre la Corée du Sud pour remettre les pendules à l’heure avec un gros raté. Assez pour donner d’autres pêles aux «fossoyeurs».
Sur-interprétation du comportement
Quelques jours plus tard, il perdra son statut de titulaire. Il y a même eu un sondage effectué par «ABola» dont le résultat révélait que 70% des Portugais voulaient voir la star débuter sur le banc. Dans la foulée, Santos fait le choix fort de se passer de lui pour débuter face aux Suisses. La décision a été payante puisque Conçalo Ramos, son remplaçant, a planté un triplé et délivré une passe décisive dans la démonstration 6 buts à 1.
Il n’en fallait pas plus pour les «canards» et les pages spécialisées pour ressortir la théorie du «Portugal jouer mieux sans Cristiano Ronaldo». Bien que celle-là peut tenir la route dans certaines configurations tactiques, l’acharnement qui se cache derrière ces conclusions est fort regrettable. On parle là de l’un des meilleurs joueurs de tous les temps auquel on a souvent collé les étiquettes d’arrogance et d’égocentrisme.
On est souvent là à chercher les petits indices et à sur-interpréter les images pour le diaboliser. La seule chose infernale dans sa carrière est ce rythme de performance qu’il a su imposer pour banaliser et ringardiser certains chiffres.
Un minimum de respect s’impose pour un grand footballeur qui ne doit pas sortir par la petite porte. De toute façon, le génie pourrait ressurgir. A tout moment.