De mémoire de collégiens, jamais une épreuve de fin de cycle n’a été décalée comme cette année. S’il y a eu par le passé la programmation pour le baccalauréat d’une double session en juin et en septembre, jamais le brevet de l’enseignement moyen n’a été organisé aussi tardivement et sous surveillance sanitaire comme ce matin. Une ordonnance inséparable de la pandémie du Covid-19 !

C’est le jour J pour les 669 379 candidats – 645 798 scolarisés et 23 581 libre – aux épreuves du Brevet d’enseignement moyen (BEM) attendus aujourd’hui dans 2 556 centres d’examen à travers le territoire national, dans ce qui constitue incontestablement une étape cruciale pour l’avenir scolaire des postulants, mais aussi un moment important et déterminant dans la gestion de la crise sanitaire. Reporté à cause de la propagation inquiétante de la Covid-19, au printemps dernier, alors qu’il devait se tenir au mois de juin, le déroulement du BEM de l’année scolaire 2019-20 va cependant se conjuguer au temps de la crise sanitaire et des conditions qu’elle impose pour tout rendez-vous qui engage beaucoup de monde organisé dans un espace clos.
C’est le cas de cette épreuve qui se tiendra, contexte d’urgence sanitaire oblige, sous un protocole d’organisation mis en place par les autorités pour rendre possible le déroulement de cet examen, alors que des organisations syndicales plaidaient, au mois de mai dernier, pour «la suppression» exceptionnelle de cette épreuve et de déclarer le passage des élèves au palier supérieur sur la base des moyennes obtenues lors des premier et deuxième trimestres dispensés avec la crise sanitaire.
L’accueil des candidats aujourd’hui a été néanmoins précédé par une préparation en plusieurs étapes particulièrement la mise en place par les autorités d’un protocole sanitaire, élaboré par des experts et des professionnels et qui prévoit la désignation d’un chef adjoint, dans chaque centre de déroulement, pour s’occuper de l’aspect préventif et sanitaire durant la période de l’examen. Le protocole prévoit également la stérilisation et la désinfection de toutes les structures relevant du centre de déroulement de l’examen, avant son ouverture et la fermeture des locaux et structures non exploités, tout en s’assurant de la disponibilité des fournitures médicales nécessaires et de la désinfection des bâches à eau.
Et si des voix parmi la famille de l’Education nationale émettaient encore des réserves quant à l’application de ce protocole, le premier responsable du secteur, Mohamed Ouadjaout, a rassuré samedi, soit à 48 heures du coup d’envoi des épreuves, en déclarant que «toutes les procédures organisationnelles et mesures préventives étaient prêtes à accueillir les candidats». M. Ouadjaout a précisé que la tutelle «a peaufiné toutes les procédures d’organisation et mesures barrières, de l’affectation des candidats jusqu’à la proclamation des résultats».
Les assurances du ministre ne seront pas moins à l’épreuve à l’occasion de ce rendez-vous qui ne manquera pas d’apporter des réponses quant à la capacité des autorités et des administrations à organiser et encadrer la reprise des écoles pour la prochaine rentrée scolaire. Une interrogation tout aussi valable s’agissant du baccalauréat dont les épreuves sont prévues à partir de dimanche prochain, mais aussi de l’enseignement supérieur dont la tutelle a donné rendez-vous aux étudiants pour une reprise en mode présentiel à partir du 19 du mois en cours après une expérience plutôt ratée de l’enseignement à distance. C’est dire combien l’examen du BEM sera révélateur pas uniquement de ce qui a été préparé par le secteur de l’Education nationale, mais aussi de la possibilité pour le pays d’avancer dans la gestion du déconfinement après que certaines activités aient été autorisées à reprendre, alors que d’autres attendent encore le feu vert des pouvoirs publics après avis des autorités sanitaires. Mais loin de la considération sanitaire pure, c’est l’accompagnement psychologique des élèves concernés qui sera également observé à l’occasion de ces épreuves pour savoir si les candidats ont été aidés pour gérer cette situation inédite et exceptionnelle qui les a éloignés de leurs établissements pendant plusieurs mois avant de s’y retrouver pour les examens de fin d’année.
Les candidats ont-ils été bien préparés psychologiquement pour ces épreuves ? Leurs familles se sont-elles investies pour les accompagner et éviter qu’ils décrochent pendant les mois de suspension des cours ? La réouverture des écoles depuis la fin août a-t-elle contribué à mettre les élèves dans le bain des programmes pédagogiques ?
Autant de questions qui trouveront un début de réponse avec l’entame aujourd’hui des premières épreuves d’un examen qui se tient dans des conditions inédites.