Une mise au point approximative de Mustapha Berraf, patron du Comité olympique algérien (COA), et une sortie médiatique détournée de son contexte d’Amar Brahmia, président de la commission de préparation olympique au sein de la même structure, ont suffi pour souffler sur les braises. Les relations entre l’instance morale du sport Dz et le Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) se sont, un peu plus, tendues. Ce qui précipiterait la chute des deux hommes si l’on se fie aux échos qui nous sont parvenus.
La conférence de presse animée jeudi par Amar Brahmia a été marquée par les propos acerbes et invectives à l’encontre de personnes haut-placées dans l’actuel gouvernement. Le premier responsable du MJS, Raouf Salim Bernaoui, a même eu droit à des qualificatifs comme « Zorro » et, plus grave encore, « ignare ». Celui qui a été chef de délégation lors des Jeux Olympiques de Rio 2016 (Brésil), avec tous les scandales ayant suivi ces Olympiades, venait de dépasser les bornes et perdre le contrôle du verbe : « Zorro qui affirme avoir fait descendre vingt personnes de l’avion, je le mets au défi de me citer un nom de quelqu’un du comité olympique, pas vingt », a-t-il ironisé non sans se montrer plus offensif (offensant ?) en notant que « le problème de ces gens c’est l’ignorance. Tu es un ignare et tu veux venir nous parler ? » Rien que ça.
Cet épisode vient, tout logiquement et littéralement, pourrir les rapports COA-MJS. Cette fois, la cassure semble être définitive entre les deux parties censées fonctionner pour faire évoluer un sport national totalement à la dérive à cause de la bêtise des hommes et leurs égos. Les affaires personnelles viennent ainsi primer sur l’intérêt général. Et ce, à quelques mois seulement des prochaines Olympiades 2020 à Tokyo (Japon).
Les valeurs olympiques clochardisées
Ce qu’il faut savoir dans tout ça, c’est que la conférence de presse qu’avait tenue Brahmia a été complètement sortie de son contexte et déviée de son objet principal qui était de faire le bilan sportif des derniers Jeux Africains 2019 abrités par Rabat (Maroc). Le face à face avec les journalistes a tourné en un véritable règlement de comptes en l’absence du chef de mission et du chargé de communication du COA. Ce qui laisse croire que Brahmia a agi seul et avec préméditation. Ce dernier s’en est violemment pris à toutes les personnes lui ayant fait des reproches sur sa gestion. Le tout devant les caméras de télévision qui ont enregistré cette mascarade médiatique. Un véritable dérapage allant à l’encontre de la charte olympique du CIO et les valeurs mêmes du sport qui ont été clochardisées. Des séquences accablantes qui pourraient porter préjudice au COA. D’ailleurs, selon une source digne de foi, les membres du Bureau exécutif du Comité national compte bien démissionner dans les prochaines heures. Sur les 18 éléments composant le BE, 5 ou 6 seulement ne seraient pas disposés à s’en aller. Les signatures des deux tiers du Bureau sont donc « récoltables ».
Destins communs
En tout cas, les contestataires ont déjà écrit une lettre « qui sera adressée au Chef de l’Etat, au Premier ministre et le ministre de la Jeunesse et des Sports et aux journalistes », nous informe une source digne de foi. Une correspondance qui vise à condamner ces dépassements et agissements. Aussi, le CIO pourrait être le destinataire d’une vidéo du one-man-show de Brahmia. L’ancien demi-fondiste est clairement coupable d’une sortie de piste qui pourrait le disqualifier. Quant à Mustapha Berraf, il sera, lui aussi, traîné dans la chute de sa «boîte noire». Pour rappel, dans une mise au point pour réagir à un rapport établi par l’inspection générale des Finances (IGF) et publiée par un quotidien national à fort tirage, le premier responsable du mouvement olympique sportif algérien avait écrit : « J’ai l’honneur de porter à la connaissance de l’opinion publique et sportive les éléments d’informations suivants : Dans le cas qui nous concerne, il est utile de préciser que cette affaire à fait l’objet d’un acquittement définitif par la justice algérienne et que les faits qui ont été reprochés datent de 2009 à l’apogée du règne d’un homme qui faisait de l’Algérie ce qu’il voulait et avait le droit de vie et de mort sur tous les Algériens.» Dans le dernier passage, c’est Abdelaziz Bouteflika, ancien président de la République qui est visé.
Un homme à qui il prêtait pourtant allégeance quand il était en poste.
C’est pour dire que certaines personnes sont sans foi ni loi et se retrouve à la tête d’instances morales. On n’en dira pas plus.