L’objectif macroéconomique a été quasiment atteint, à savoir rétablir les comptes extérieurs et rompre avec les déficits chroniques ayant suivi le contre-choc pétrolier de la mi-2014. La bonne rentabilité du baril de Brent et la bonne moisson des exportations hors hydrocarbures y sont pour beaucoup.
Par Hakim Ould Mohamed
Le ministère du Commerce a annoncé, dimanche, un excédent commercial supérieur à 18 milliards de dinars à l’issue des onze premiers mois du précédent exercice. Voilà plusieurs années qu’une telle performance n’a pas été constatée sur les comptes publics. Et le sous-directeur du suivi et de l’appui des exportations au ministère du Commerce, Houari Abdellatif, n’a pas boudé le plaisir de communiquer une situation en nette amélioration par rapport aux précédents exercices, dépassant même les prévisions initialement établies et qui donnaient l’excédent à 17 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2022.
La bonne rentabilité du baril de Brent et la bonne moisson des exportations hors hydrocarbures y sont pour beaucoup. Il y a désormais une prise de conscience plus forte quant à l’impératif de diversifier les exportations pour rétablir durablement la balance commerciale et, plus globalement, celle des paiements, dont l’équilibre tenait jusqu’ici à la rentabilité du baril de Brent.
Alors que le taux ne dépassait pas les 2%, ces trente dernières années, la contribution des exportations hors hydrocarbures aux recettes globales du pays représentent désormais 11%. «Une première historique», fait ainsi constater le responsable au ministère du Commerce. Chiffres à l’appui, il a indiqué que les exportations hors hydrocarbures ont réalisé un bond spectaculaire de 36% jusqu’à fin novembre dernier, comparativement à la même période de 2021, s’établissant, ainsi, en valeur à 6,06 milliards de dollars.
Mission quasiment accomplie pour 2022, en attendant l’objectif de 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures fixé pour l’exercice actuel. C’est très réalisable, compte tenu du potentiel de croissance faiblement et/ou non exploité de plusieurs secteurs hors hydrocarbures, dont l’agriculture, les services, la production de biens non alimentaires. En mettant sur les rails plusieurs chantiers de réformes censés déblayer le chemin au profit des exportateurs, l’Exécutif a promis de faire de l’exportation un métier attractif pour les entreprises algériennes. L’objectif macroéconomique a été quasiment atteint, à savoir rétablir les comptes extérieurs et rompre avec les déficits chroniques ayant suivi le contre-choc pétrolier de la mi-2014. Il s’agit désormais de se hâter sur le chemin de la diversification pour renforcer la résilience de l’économie et la mettre à l’abri d’éventuels nouveaux chocs externes.
S’affranchir du poids des hydrocarbures
Après la crise financière de l’économie nationale depuis quelques années, née du contre-choc pétrolier de la mi-2014, les comptes extérieurs reviennent dans le vert. La balance commerciale retrouve un niveau d’excédent jamais vu depuis plusieurs années. De quoi redonner des couleurs à la balance des paiements, dont le déficit était à la source directe d’une érosion spectaculaire des réserves de change de l’Algérie.
Le pays a quasiment perdu plus de deux-tiers de ses réserves en devises investies dans les banques souveraines occidentales. Après avoir chuté de près de 194 milliards de dollars à 42 milliards de dollars, les réserves de change ont renoué avec les plus-values grâce à la résorption du déficit de la balance des paiements, s’établissant désormais à plus de 60 milliards de dollars.
Les perspectives s’annoncent plutôt positives car, en plus des 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures prévues pour 2023, les recettes devraient rester élevées grâce aux prix du pétrole qui se maintiennent au-dessus de 85 dollars le baril.
Cependant, depuis plusieurs mois, l’Exécutif soutient que sa politique budgétaire repose plutôt sur la diversification des recettes en devises et la mobilisation des recettes en dinar de la fiscalité ordinaire afin d’affranchir l’économie du poids des hydrocarbures. Il y va aussi de la santé durable des positions financières à la fois intérieures et extérieures.
Depuis toujours, la faiblesse des exportations hors hydrocarbures et les maigres scores en matière de collecte de l’impôt ont fait que les positions financières restaient fragiles et leur santé dépendait entièrement des recettes pétrolières. L’Exécutif a compris qu’il faut livrer de nouveaux combats pour inverser la tendance, en améliorant l’offre exportable en biens et services, avec, à la clé, d’importantes réformes engagées, mais aussi en remettant sur les rails les ajustements budgétaires, l’assainissement des finances publiques, l’amélioration de la collecte des impôts et la réforme fiscale.
Il s’agit, en deux mots, de maintenir la dynamique des réformes nécessaires pour l’accélération de la diversification de l’économie et des recettes afin de renforcer durablement la résilience de l’économie algérienne. De nouveaux chocs externes ne sont pas à exclure dans un monde où les tensions géopolitiques sont de plus en plus récurrentes, faisant chavirer, à chaque fois, de nombreuses économies. <