L’affaire du journaliste Rabah Karèche, en détention provisoire à Tamanrasset depuis 115 jours, connaîtra-t-elle son épilogue aujourd’hui avec la mise en liberté de l’accusé ? C’est l’espoir que caresse la corporation qui attend un verdict heureux à partir de la juridiction de Tamanrasset dont le Parquet avait requis la semaine passée une peine de trois de prison ferme assortie d’une amende de 100 000 DA.
PAR NAZIM B.
Lors des plaidoiries, la défense du correspondant de Liberté à Tamanrasset a relevé que le dossier du journaliste était vide, réclamant dès lors l’abandon de toutes les poursuites et la relaxe du journaliste. En prison depuis le 19 avril dernier, Rabah Karèche est poursuivi pour les chefs d’inculpation d’«administration d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société», «diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public» et «usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et à l’unité nationales». Ses avocats ont rappelé, également, dans leurs déclarations respectives aux médias, que la veille de son incarcération, le journaliste Rabah Karèche avait été convoqué par les services de police et maintenu en garde à vue au commissariat central, où il a été longuement interrogé sur un article traitant d’une manifestation citoyenne à Tamanrasset contre le nouveau découpage territorial.
Pour rappel, le journaliste de Liberté a comparu, le 5 août, devant le tribunal correctionnel de Tamanrasset. A ces chefs d’inculpation, et au maintien en détention provisoire du journaliste, ses avocats avaient réagi pour affirmer que «Karèche n’a fait que son travail et de manière professionnelle». Ces derniers avaient introduit une demande de liberté provisoire au lendemain de son incarcération, mais elle avait été rejetée le 27 avril par la Cour de Tamanrasset.
Le 17 juin, le juge d’instruction près du même tribunal avait ordonné le renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel, avait alors fait savoir son avocat Maître Amirouche Bakouri, précisant qu’en considération de la date de ce renvoi, le procès de Rabah Karèche allait se tenir dans un délai maximum d’un mois, soit au plus tard le 17 juillet. Mais entre-temps, soit le 23 juin, le Parquet avait introduit un appel contre ce renvoi devant le tribunal correctionnel et la comparution du journaliste incarcéré n’a pu avoir lieu tel que suggéré après le renvoi initial du magistrat instructeur. Le procès a finalement été programmé il y a une semaine et le verdict est attendu pour aujourd’hui.
L’emprisonnement de Rabah Karèche a suscité la solidarité de la part de quelques segments de la presse qui se sont mobilisés dès son incarcération. Un rassemblement a été organisé au niveau du siège de Liberté et un autre a été tenu le 3 mai dernier à l’occasion de la Journée internationale de la presse. n