Par Milina Kouaci
Le deuxième jour de la grève, entamée dimanche, a connu une adhésion «plus appréciable», selon le président de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef), Sadek Dziri. Il fait état d’une réunion, aujourd’hui – dernier jour du débrayage – de la composante de l’Intersyndicale de l’Education (14 organisations) pour une évaluation fine de l’action engagée dans un contexte de tension sociale.
«Le taux de suivi sur le territoire national a été plus important qu’au premier jour de la grève. Il tourne pour cette journée de lundi autour de 72 %», a estimé M. Dziri, lequel, au nom de l’Unpef, dit exiger du gouvernement d‘engager un dialogue «sérieux et constructif» avec les syndicats autonomes et prendre en charge leurs revendications afin d’assurer la stabilité du secteur.
A travers cette action, les 14 syndicats expriment des revendications liées aux conditions socioprofessionnelles, notamment celles relatives au pouvoir d’achat, à la retraite anticipée sans condition d’âge, la revalorisation du point indiciaire et la révision du programme pédagogique. «Le pouvoir d’achat en chute libre» a fait que les enseignants des trois cycles réclament un salaire pouvant préserver leur «dignité», outre les revendications d’ordre socioprofessionnel et pédagogique. Les enseignants ainsi que les autres catégories du secteur «ne comptent pas reculer devant les mises en garde du gouvernement, qui évoque des manipulations ainsi qu’une exploitation abusive des droits syndicaux», car «persuadés de la légitimité de leurs actions et des revendications soulevées», a tenu à dire le responsable de l’Unpef. «Les actions de protestations répétitives dans le secteur sont prévisibles», dit pour sa part Benmira Bensaïd, Secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement moyen (Snapem). «Ces actions sont le résultat d’un cumul de revendications restées depuis des années en suspens», dit M. Benmira. «Ce sont des revendications légitimes que nous soutenons, en particulier celle liée au pouvoir d’achat», poursuit notre interlocuteur. Il estime que la situation du secteur est préoccupante vu que les actions de protestations se poursuivent notamment celle qui se tient sans aucune couverture syndicale.
Le secrétaire général du Snapem souhaite d’ailleurs que toutes les actions se fassent dans un cadre syndical pour éviter leur exploitation et pouvoir dialoguer par la suite avec les autorités compétentes sur les préoccupations soulevées. Il exprime, à cet égard, sa crainte que ce mouvement «s’éternise et mène à une situation plus complexe». «Le pouvoir d’achat s’est érodé, les prix des produits de large consommation sont en hausse vertigineuse et l’enseignant ne peut plus tenir», regrette M. Benmira. Le Snapem recommande, sur un autre registre, à ses adhérents de ne plus prendre part à une action qui exprime des revendications qui ne sont pas compatibles avec sa plateforme.
Les enseignants du cycle moyen avaient, en effet, participé aux actions observées par le personnel enseignant des trois cycles d’enseignement motivées, au départ, par le retard de paiement de salaire, l’amélioration du pouvoir d’achat et la révision des programmes pédagogiques ainsi que le règlement des arriérés de salaires des enseignants. «Mais par la suite, la liste des revendications s’est allongée et étendue à d’autres revendications qui ne servent pas notre corporation», dit Benmira Bensaïd. Ce dernier parle en particulier du décret présidentiel 266/14 dont les protestataires demandent l’application dans les meilleurs délais, «mais sur lequel nous avions des réserves», dit M. Benmira.
«Ce décret laisse l’enseignant du cycle moyen dans la catégorie 12 alors qu’il a promu, à titre d’exemple, ceux du cycle primaire de la catégorie 11 à la 12», dit notre interlocuteur qui «exige sa révision avant qu’il n’entre en vigueur».
Sur un autre volet, le Snapem se dit «offusqué contre ceux qui parlent de manipulations» des protestataires. «L’enseignant est intellectuel et éducateur, il ne peut être manipulé, en particulier par des parties étrangères», dit M. Bensaïd, qui insiste sur la légitimité des revendications soulevées. n