La réputation était assez solide pour résister à deux sacrés revers, la désastreuse CAN-2021 au Cameroun, ponctuée par une sortie prématurée dès le premier tour, et l’élimination aux portes de la Coupe du monde 2022. Malgré cela, Djamel Belmadi avait décidé de rester. Naturellement, le crédit acquis à la faveur du triomphe à la CAN-2019 était sérieusement entamé. En dépit de 5 succès de rangs entre juin et septembre, les résultats et -surtout- les prestations des deux dernières sorties face au Mali (1-1) et à la Suède (défaite 2-0) viennent jeter le doute sur la capacité de Belmadi à redorer, de nouveau, le blason des « Verts ».

Par Mohamed Touileb
Les séquelles du traumatisme ne peuvent pas disparaître en l’espace de quelques mois. Et cela est constatable avec cette rechute de novembre après avoir signé 5 succès de suite dans la foulée de l’élimination dramatique, vécue contre le Cameroun, le 29 mars dernier, dans la course à la Coupe du monde 2022.
La page du Mondial, Djamel Belmadi a clairement du mal à la tourner. A chaque conférence de presse, il en reparle. Et cette attitude empêche de repartir concrètement de l’avant. Surtout que le groupe n’a pas franchement changé pour montrer qu’on est dans une vraie logique de reconstruction.

Ne pas mourir deux fois avec les mêmes idées
Sur cet aspect, le driver des Verts a une conception figée : « Si je compte donner du temps de jeu aux nouveaux joueurs ou garder une ossature ? Je veux faire les deux ! Vous en avez marre de voir les Belaili, Mahrez, Slimani ? Vous allez encore les revoir ! C’est important de garder une ossature et de faire des tests ». Depuis qu’il a débarqué sur le banc, Belmadi a des idées arrêtées. Et, malgré des signes alarmants, il ne semble pas enclin à montrer plus de flexibilité. Entre la conviction et l’entêtement, il y a la crainte de ne pas pouvoir trouver le bon équilibre. Récemment, cela nous a valu deux grosses désillusions, à savoir le ratage à la CAN-2021 et l’échec à accrocher la CDM qatarie. Désormais, il y a ces deux prestations inquiétantes livrées face aux Maliens et au Suédois. Les mêmes joueurs pour les mêmes erreurs et errances avec un sentiment que le technicien de 46 ans accorde beaucoup trop d’importance à l’aspect affectif que technique. Et c’est connu, il ne faut pas trop suivre son cœur. Dans une certaine mesure, cela reste compréhensible compte tenu de ce que le groupe a vécu. Notamment avec la série d’invincibilités de 35 matchs et le sacre africain. Mais cela date déjà de 3 ans et demi. Entretemps, le Sénégal a repris la couronne du continent et l’Algérie a manqué le tant prisé rendez-vous avec la Coupe du monde. Et, plus que jamais, les voix de la contestation s’élèvent pour alerter sur l’état de la sélection. Justement.

Il n’est plus en position de force
L’urgence de se renforcer avec des joueurs de qualité est évidente. Certains «cadres» ont besoin de sentir le vent de la concurrence. Belmadi a l’obligation d’aller convaincre certains de venir car l’équilibre des forces a changé par rapport à 2019, quand « El-Khadra » était au sommet. Le fait de toucher un salaire mensuel à 6 chiffres en euros requiert plus d’investissement pour le sélectionneur de l’Algérie. Il ne peut plus se contenter d’établir les listes et les onze des matchs.
Par ailleurs, la communication ne peut plus être celle d’un homme en position confortable. En effet, en foot, tous les sièges sont éjectables. Même des entraîneurs qui ont gagné des Coupes du monde n’ont pas survécu à la loi des résultats. Est-ce que Belmadi est en danger ? La réponse est «non»… pour l’instant. Mais, les choses peuvent aller très vite en foot. Dans un sens comme dans l’autre.