Le Président de la République Abdelmadjid Tebboune a signé, hier, la Loi de finances de l’année 2023 marquée notamment par la hausse des dépenses prévues pour le prochain exercice.

PAR NAZIM BRAHIMI
Plus de 13 700 milliards de dinars de dépenses sont prévues pour l’an prochain, soit l’équivalent de près de 100 milliards de dollars, une augmentation significative par rapport au budget de l’exercice 2022, qui a consommé près de 10 000 milliards de dinars.
Ce qui constitue une première induite par plusieurs choix, notamment la hausse des salaires de la Fonction publique et le maintien de la politique des subventions de l’Etat pour les produits de première nécessité. La loi de finances 2023 prévoit, en effet, un relèvement sans précédent des dépenses au profit d’une nouvelle hausse des salaires des fonctionnaires.
Ces dépenses devraient ainsi augmenter de 23,55% par rapport aux montants injectés au titre de l’exercice en cours qui, eux aussi, ont connu une importante hausse en raison des revalorisations incluses dans la loi de finances 2022.
A cet effet, l’Etat devrait mobiliser une enveloppe de 3 037,41 milliards de dinars durant l’année 2023 afin de couvrir l’impact financier résultant de la hausse des salaires et des systèmes de rémunération des employés.
Dans ce registre, l’enveloppe dédiée inclut également l’accompagnement des employés des filets sociaux et la transformation de leurs contrats en CDI, sans compter bien entendu la masse salariale globale qui devrait atteindre 4 629 milliards de dinars durant le prochain exercice, ce qui représente 47,39% du budget total réservé au fonctionnement.
C’est dire combien la loi de finances 2023 consacre un grand effort en faveur des salaires, des transferts sociaux et des subventions. A ce propos, les montants mobilisés ne sont pas non plus des moindres, puisqu’il est question de panser les stigmates de l’inflation et les longues années de détérioration du pouvoir d’achat des ménages algériens. L’Indice des prix à la consommation a atteint 9,4% en juillet, tout comme le taux d’inflation qui s’est situé au même niveau, enchaînant plusieurs mois de hausse ininterrompue, ce qui contraint, en toute logique, l’Etat à consentir un effort considérable en faveur du pouvoir d’achat sérieusement affaibli.
Il est également prévu dans la loi de Finances 2023, un relèvement de l’allocation chômage, en application des dernières orientations du Président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui a décidé de nouvelles revalorisations prévues dans le cadre de la loi de finances 2023. Aussi, l’allocation chômage, instituée par la loi de finances 2022 force l’Etat à mobiliser 292 milliards de dinars pour la couverture des dépenses nécessitées par cette allocation chômage. Par ailleurs, le relèvement du point indiciaire de la Fonction publique nécessite une enveloppe budgétaire de 300,11 milliards de dinars alors que la prise en charge des travailleurs du filet social et leur transfert vers la catégorie des salariés sous contrat à durée indéterminée (CDI) nécessitera un effort budgétaire de 160 milliards de dinars. Autrement dit, l’année 2023 connaîtra d’importantes dépenses pour les revalorisations des salaires, des pensions de retraite et de l’allocation chômage. Mercredi dernier, le président Tebboune a réaffirmé son engagement à poursuivre l’augmentation des salaires des travailleurs et à prendre les mesures nécessaires, l’année prochaine, pour assurer une vie décente aux citoyens.
«Nous sommes à la quatrième phase du processus d’augmentation des salaires et nous continuerons à les élever de manière à assurer une vie décente», a-t-il déclaré, soulignant que ce processus doit être accompagné par «un contrôle des prix». Il a expliqué, à ce propos, que plusieurs mesures allaient être prises l’année prochaine pour préserver le pouvoir d’achat, maîtriser l’inflation, renforcer la production et contrôler les prix.
Affirmant «la poursuite de l’augmentation des salaires annuellement jusqu’à ce qu’ils atteignent un seuil particulier», il a rappelé que «l’augmentation des salaires et de la valeur du dinar et la lutte contre la spéculation constituent un engagement à respecter». D’ailleurs la question des salaires a figuré dans les points abordés hier lors de la réunion du Conseil des ministres, la dernière pour 2022. Elle a été consacrée à deux projets de loi relatifs à la monnaie et au crédit et aux règles de la comptabilité publique et de gestion financière, ainsi qu’à des exposés portant sur l’augmentation des salaires, le diagnostic et les perspectives des secteurs de la Santé et de l’Industrie pharmaceutique, et aux secteurs de l’Énergie, de la Formation et de l’Enseignement professionnels, et de la Pêche et des Productions halieutiques.
A noter que la cérémonie de signature de la LF 2023 s’est déroulée au siège de la Présidence de la République, en présence du président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, du président de l’APN, Brahim Boughali, du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, du Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le Général d’Armée Saïd Chanegriha, du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, Abdelaziz Khellaf, et des membres du Gouvernement.

Principaux indicateurs du cadrage macroéconomique et budgétair

Le prix de référence du baril de pétrole brut est de 60 dollars pour la période 2023-2025.
Le prix du marché du baril de pétrole brut est de 70 dollars pour la période 2023-2025.
Le taux d’inflation devrait ralentir à 5,1% en 2023, à 4,5% en 2024 et à 4% en 2025.
Le taux de croissance économique devrait atteindre 4,1% en 2023, 4,4 % en 2024 et 4,6% en 2025.
Les recettes des exportations de biens devraient atteindre 46,3 milliards de dollars en 2023, 46,4 milliards de dollars en 2024 et 45,8 milliards de dollars en 2025.
Les importations de biens devraient diminuer à 36,9 milliards de dollars en 2023 (- 4,2 % par rapport à 2022), à 35 milliards de dollars en 2024 et 34,2 milliards de dollars en 2025.
La balance commerciale devrait enregistrer un excédent de 9,4 milliards de dollars en 2023, puis 11,3 milliards de dollars en 2024 et 11,6 milliards de dollars 2025.
La balance des paiements devrait enregistrer un excédent de 5,7 milliards de dollars en 2023, atteindre 6,5 milliards de dollars en 2024 et 6,8 milliards de dollars d’ici la fin de 2025.
Les réserves de change devraient passer de 59,7 milliards de dollars fin 2023 à 69 milliards de dollars fin 2025, représentant respectivement 16,3 et 19,3 mois d’importations de biens et services hors facteurs de production.
Les recettes budgétaires totales prévisionnelles entre 2023 et 2025 augmenteraient de 4% en moyenne pour atteindre 7.901,9 milliards de dinars en 2023, 8.187,2 milliards de dinars en 2024 et 8.454,6 milliards de dinars en 2025.
La fiscalité pétrolière contenue dans le budget devrait augmenter entre 2023 et 2025 à une moyenne annuelle de 2,9%, estimée sur la base d’un prix de référence de 60 dollars le baril, pour passer de 3.298,5 milliards de DA en 2023 à 3.409,6 milliards de DA en 2024 et à 3.502,2 milliards de DA en 2025.
Les ressources ordinaires devraient enregistrer une croissance de 4,8% en moyenne au cours de la période
2023-2025, résultant principalement de l’augmentation des recettes fiscales (environ +6,6% en moyenne
entre 2023 et 2025). Les ressources ordinaires devraient passer de 4.603,4 milliards de DA en 2023 à 4.777,6 milliards de DA et à 4.952,4 milliards de DA en 2025.
Les dépenses budgétaires devront s’élever à 13.786,8 milliards de DA en 2023, 13.918,4 milliards de DA en 2024 et 13.998,4 milliards de DA en 2025.
Les dépenses de fonctionnement devront augmenter de 26,9% en 2023 pour atteindre 9.767,6 milliards de DA et un taux moyen de 3,5% entre 2024 et 2025.
Les dépenses d’équipement devront augmenter en 2023 de 2,7% par rapport à 2022 et connaîtraient une diminution de 9,7% en 2024 et une diminution de 2,5% en 2025.
Les dépenses d’équipement devront passer de 4.019,3 milliards de DA en 2023 à 3.538,4 milliards de DA en 2025.
Les autorisations de programme devront s’élever à 3.259,65 milliards de DA et les crédits de paiement atteindront 4.019,28 milliards de DA en 2023.
Le déficit budgétaire de l’année 2023 atteindra 5.884,9 milliards de DA (-22,5% du Produit intérieur brut), avec une valeur moyenne de 5.720 milliards de DA au cours de la période 2023-2025 (-20,6% du PIB).
Le déficit global du Trésor devrait atteindre en moyenne 6.586,3 milliards de DA au cours de la période 2023-2025 (-23,7 du PIB).