Dans un mois, on connaîtra son successeur. Charaf-Eddine Amara, bien que démissionnaire depuis le 31 mars écoulé, quittera définitivement la Fédération algérienne de football (FAF) sous peu. Avant cela, il y a des bilans moral et financier à faire passer devant l’Assemblée. Une ardoise avec un déficit de 130 milliards de centimes. Les détails de la trésorerie ont été publiés. Si celui qui a remplacé Kheireddine Zetchi à la tête de la FAF joue la carte de la transparence, force est de constater que rendre la grille des dépenses publique est loin d’être une manœuvre « innocente ».
Par Mohamed Touileb
Depuis près d’une année à la tête de l’instance fédérale, Amara a été contraint de renoncer au poste après deux gros échecs, la CAN-2021 et les éliminatoires de la Coupe du monde 2022. Avant de s’en aller, il détaille les dépenses durant sa courte gouvernance. Et certaines sont conséquentes, engendrant un découvert de 1,3 milliard de dinars dans le rapport final. C’est plus de 2 fois plus que Kheireddine Zetchi, qui avait rendu les clés avec une caisse d’un négatif de 543 millions de dinars. Qu’à cela ne tienne, il ne s’agit pas de comparer les deux bilans.
Belmadi et le salaire à 6 chiffres
En effet, la manœuvre de publier les détails financiers intrigue. C’est comme si Amara voulait « afficher » ceux qui ne lui ont jamais fait sentir qu’il était le boss de Delly Brahim. On pense notamment à Djamel Belmadi avec qui les rapports étaient froids. Ainsi, on peut lire que les charges salariales du staff technique national sont de 56 milliards de centimes (560 millions de dinars). Elles représentent 73% de la masse salariale pour l’exercice 2021 alors que les 27% restants représentent les émoluments du reste du personnel de la structure. Ce chiffre vient confirmer les informations qui font état d’une mensualité bien supérieure aux 65 000 euros du sélectionneur des « Verts ». De la sorte, Amara révèle indirectement que le coach de l’EN perçoit bien une mensualité à 6 chiffres. Selon nos sources, Belmadi émarge à hauteur de 150 000 euros mensuels, un salaire conséquent puisqu’aucun autre de ses homologues en Afrique ne touche autant.
Les primes reconduites et non négociées
Par ailleurs, si les créances de l’ère Amara sont négatives, c’est parce que les « Fennecs » n’ont pas obtenu les résultats sportifs escomptés. Malgré un triomphe des A’, lors de la Coupe arabe FIFA 2021, et une prime de plus de 5 millions de dollars, cela n’a pas pour autant couvert les autres dépenses. En effet, la sélection A a pris part à la CAN-2021 et s’est fait sortir du premier tour. Pour ce parcours, la Confédération africaine de football (CAF) n’a versé que 750 000 dollars (112,5 millions de dinars) pour cette campagne désastreuse. Quand on sait que Riyad Mahrez et ses camarades ainsi que le staff de l’Equipe nationale ont perçu 61,4 milliards de centimes (614 millions de dinars) en total des primes à l’issue des éliminatoires de la messe continentale, on peut déduire que la rentabilité est plus de 5 fois inférieure à l’investissement. Ce qu’on pourrait reprocher à Amara c’est qu’il n’a pas jugé utile de renégocier la récompense à la baisse malgré la situation financière alarmante de la FAF. Il s’est même permis d’embaucher un responsable du département marketing qui ne sert à rien pour 300 000 dinars/mois. En tout cas, il faut savoir que les joueurs n’ont pas demandé plus en ce qui concerne les primes et ont juste accepté l’ancienne grille établie par Zetchi. On ne peut donc pas dire que les « Verts » ont négocié ou voulu tirer profit de représenter l’Algérie. Amara n’a donc jamais pris le taureau par les cornes. Et cela confirme qu’il n’avait pas la flexibilité requise pour maîtriser l’hémorragie. n