L’inflation à deux chiffres s’installe durablement dans nos souks. De la pomme de terre à la tomate, en passant par les pâtes, la farine et… les micro-ordinateurs et téléphones portables, tout flambe. Une poussée inflationniste qui s’aménage dans la durée, usant jour après jour le maigre pouvoir d’achat qui survit encore dans certains ménages.
C’est vrai que les dommages collatéraux de la Covid-19 ont impacté fortement les intrants de pratiquement tous les produits, du médicament à l’alimentation et aux transports, et ce, au niveau mondial.
Si les Etats-Unis ont augmenté leur taux d’intérêt espérant juguler investissement et consommation, aux fins d’une baisse de l’inflation, en Algérie, on fait comme si cela ne nous concernait pas, alors que l’inflation importée fait des ravages sur le portefeuille de toutes les ménagères. Cerise sur le gâteau, la contrainte de la commercialisation de certains produits alimentaires et les taxes surdimensionnées sur le e-commerce et les matériels informatiques pénalise dans l’œuf la progression recommandée par le président de la République pour une numérisation tous azimuts du pays.
Echaudé par des décisions prises à l’emporte-pièce, le président de la République, et au sein du Conseil des ministres hebdomadaire, s’est empressé de rectifier le tir en sursoyant à plusieurs taxes, prenant sur l’Etat la compensation du manque à gagner pour les finances étatiques.
Cette décision vient à point nommé pour redonner du sourire au citoyen, laminé par deux ans d’incertitude sanitaire et une augmentation irrationnelle des prix de tous les biens de consommation. Une décision qui profile déjà une annonce du retour des pâtes et de la semoule à leur prix d’avant-pandémie, ainsi que l’huile de table qui se retrouve sur les étals après une vadrouille de plusieurs mois dans les dédales des ukases ministériels caractériels.
La sentence du président de la République permettra aussi au secteur de l’informatique et des start-ups de se stabiliser et remettra sur rails la digitalisation de l’administration et de l’industrie qui traîne depuis des années.
Ce gel des taxes remettra sans doute au placard la décision de lever toutes les subventions des produits de large consommation, sujets à de nombreux trafics intra et extra-muros, ainsi que la réouverture de la porte des importations du lait en poudre, deux décisions qui ont failli provoquer un mécontentement social dont nul n’aurait pu prédire l’issue.
Cela aura peut-être le mérite de donner à méditer à certains membres de l’Exécutif et de réfléchir à deux fois avant de prendre des décisions extravagantes comme celle d’interdire la vente d’huile de table aux mineurs…