PAR NAZIM B.
Après avoir nourri beaucoup d’ambitions quant à la possibilité de prendre une place de choix
dans le gouvernement de l’après-législatives du 12 juin, le MSP a retenu l’option de ne pas participer dans l’Exécutif qui succèdera à Djerad, à savoir celui d’Aïmen Benabderrahmane, nommé hier Premier ministre.
La décision a été prise tard dans la soirée de mardi par le Conseil consultatif du parti islamiste et sur laquelle est revenu, hier, son président, Abderezak Makri, au cours d’une longue conférence de presse. Makri a expliqué, à cette occasion, les raisons qui ont fait que le MSP, classé lors du dernier scrutin législatif avec 65 sièges derrière le FLN (98 sièges) et les indépendants (84 sièges), a décidé de ne pas intégrer l’Exécutif.
«Le Président nous a signifié que celui qui veut être dans le gouvernement doit adhérer à son programme électoral en 54 points», a d’emblée indiqué le chef du MSP, pour qui la condition présidentielle ne cadre pas avec la démarche de la formation islamiste. «Notre premier choix est de participer au gouvernement, mais nous avons compris qu’il n’était pas possible de former une majorité parlementaire, les autres partis étant pour la majorité présidentielle. Cela ne nous concerne pas et nous ne commentons pas leur position, ils sont libres», a-t-il dit.
Il ne s’est pas empêché cependant de critiquer allusivement les autres formations ayant obtenu des sièges à la future APN et qui sont intéressées par des portefeuilles ministériels. «La logique politique veut qu’on aille vers une majorité parlementaire, car tous ces partis étaient des concurrents du président de la République, lors de la dernière élection présidentielle», a-t-il souligné, dans ce qui s’apparente à un tacle contre Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina, anciens candidats à la présidence, mais également une attaque contre le RND qui avait présenté son candidat en la personne de Azzedine Mihoubi.
Par ailleurs, Makri a révélé que son parti n’a pas apprécié la proposition de Tebboune en vue de sa présence dans le gouvernement. «Il nous a été demandé de proposer une liste de 27 noms et ils choisiront 4 ou 5 noms. Nous n’avons même pas la possibilité de choisir les ministères ou les noms qui seront retenus», a-t-il révélé. Il a soutenu dès lors que son parti ne veut pas être une façade du pouvoir. «Non, le MSP veut être au pouvoir et non une façade du pouvoir», a déclaré Makri en rappelant l’expérience du parti au sein des différents gouvernements aussi bien durant les années de Mahfoud Nahnah que celles de Boudjedra Soltani.
«Nous avons proposé au Président de prendre les points communs de nos programmes respectifs, qui sont nombreux, ainsi que les aspects positifs des deux programmes et discuter du reste. Mais nous n’avons trouvé ni le cadre ni avec qui poursuivre ces discussions», a soutenu Makri, qui ne cache vraisemblablement pas sa déception quant à la tournure prise par les consultations en vue de la formation d’un nouvel Exécutif. C’est ainsi qu’il dira que «rien n’a changé» et que «c’est toujours la même chose qu’avant le Hirak», ce qui augure, vraisemblablement d’un retour du discours radical du MSP, y compris au sein de l’APN. Makri est revenu également sur les ambitions du MSP d’avoir une majorité parlementaire, «un scénario contrarié par la fraude électorale», dira-t-il, évoquant «une fraude méthodique orchestrée par certaines forces et des résidus de la bande à l’intérieur du système». <