Signe des temps : entre les rives nord et sud de la Méditerranée, on ne parle plus que de sécurité et de lutte contre la menace islamo-terroriste. Les attentats qui ont ciblé la France et l’Autriche récemment font passer en priorité la coopération sécuritaire et policière et relèguent au second plan les échanges si importants pour l’économie et le développement…

En effet, les questions d’ordre bilatéral entre l’Algérie et les pays de l’Union européenne semblent de plus en plus marquées par le volet sécuritaire qui domine davantage l’ordre du jour de l’activité diplomatique, notamment dans un contexte de succession d’attentats terroristes dans le vieux continent, traduction de la montée inquiétante du radicalisme religieux.
Les attentats perpétrés depuis la semaine passée à travers l’assassinat du professeur Paty, suivi de l’attentat commis dans la basilique de Nice qui a fait 3 morts et, depuis avant-hier, à Vienne (Autriche), ont en effet sonné une sorte de basculement dans les priorités de la coopération, qui fait que ce sont les questions sécuritaires qui s’approprient le caractère de l’urgence, particulièrement au vu de la connexion avérée entre le radicalisme religieux et le phénomène des migrations clandestines.
Le constat est visiblement valable aussi bien dans le registre relatif à la coopération d’Etat à Etat que celle liant l’Algérie à l’Union européenne (UE). Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, attendu en début de semaine à Alger après une escale à Tunis, n’a pas caché, à ce titre, les objectifs de sa tournée maghrébine.
«L’objectif de ce déplacement est de discuter avec mes homologues du ministère de l’Intérieur et avec les services de renseignement, pour avoir davantage d’informations», a affirmé Gérald Darmanin. Ce dernier a indiqué que «le président de la République a eu ses homologues pour pouvoir nous mettre d’accord sur le renvoi d’un certain nombre de personnes qui ont la nationalité de ces pays et qui sont confondues de radicalisation dans notre pays», faisant état de l’expulsion de «seize personnes confondues de radicalisation depuis un mois». «J’ai demandé aux préfets de mettre l’intégralité des étrangers en situation irrégulière confondus de radicalisation dans les CRA (centres de rétention administrative)», a ajouté le ministre français de l’Intérieur. «Aujourd’hui, ils sont une centaine», a-t-il fait savoir, soulignant que «des discussions étaient en cours avec les autorités de leurs pays en vue de leur renvoi» avec cette précision que «depuis trois ans, ce sont 458 étrangers fichés S qui ont été expulsés» de France, un total en significative hausse comparativement à ceux des années précédentes. Par ailleurs, les thématiques ayant été à l’ordre du jour, hier, à l’occasion de la visite du ministre portugais des Affaires étrangères, Santos Silva, n’attestent pas moins les préoccupations sécuritaires entre les deux parties. Au sortir de son entrevue avec son homologue algérien, Sabri Boukadoum, le diplomate portugais a relevé que l’entretien a été aussi l’occasion d’évoquer la prochaine présidence de l’UE par le Portugal, entre janvier et juin 2021, lors de laquelle seront mises en avant les relations entre l’UE et l’Afrique, l’UE et la Méditerranée, la politique de voisinage avec le Sud, les questions de coopération sur l’énergie, l’immigration, ainsi que «les questions sécuritaires et de lutte contre le terrorisme».
Il a indiqué, par la même occasion, avoir «échangé des points de vue avec le ministre algérien des Affaires étrangères sur la situation sécuritaire au Sahel et la façon dont le Portugal et l’Algérie contribuent à la stabilité de cette région clé pour l’Afrique et l’UE».
Santos Silva a indiqué avoir abordé également les questions relatives à la situation dans le Nord de l’Afrique, spécifiquement en Libye, qui est «un souci majeur pour l’Algérie et le Portugal, et aussi pour l’Europe», soulignant la nécessité, en ce qui concerne la politique de voisinage européenne, d’aller vers «un véritable partenariat entre les deux rives de la Méditerranée». n