Par feriel nourine
Le journaliste de «Liberté» Rabah Karèche comparaîtra aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Tamanrasset. Notre confrère se présentera devant le juge d’audience avec l’espoir de quitter, enfin, la prison de cette ville où il croupit depuis plus de 3 mois et demi. Hier, il était à son 107e jour de détention provisoire, après avoir été incarcéré au lendemain de son arrestation, 107 jours de cauchemar qu’il partage avec sa famille et ses proches, avec la conviction de n’avoir à aucun moment failli à sa seule mission de journaliste, loin des lourdes charges retenues contre lui.
Le correspondant de Liberté à Tamanrasset est poursuivi pour «création d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société», «diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public» et «usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l’unité nationales».
A ces chefs d’inculpation, et au maintien en détention provisoire du journaliste, ses avocats avaient réagi pour affirmer que «Karèche n’a fait que son travail et de manière professionnelle». Ces derniers avaient introduit une demande de liberté provisoire au lendemain de son incarcération, mais celle-ci avait été rejetée le 27 avril par la Cour de Tamanrasset.
Le 17 juin, le juge d’instruction près du même tribunal avait ordonné le renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel, avait alors fait savoir son avocat Maître Amirouche Bakouri, précisant qu’en considération de la date de ce renvoi, le procès de Rabah Karèche allait se tenir dans un délai maximum d’un mois, soit au plus tard le 17 juillet.
Mais entre-temps, soit le 23 juin, le Parquet avait introduit un appel contre ce renvoi devant le tribunal correctionnel et la comparution du journaliste incarcéré n’a pu avoir lieu tel que suggéré après le renvoi initial du magistrat instructeur. Le procès a finalement été programmé pour ce 5 août. En plus de ses deux avocats, Amirouche Bakouri et Abdelghani Badi, qui auront pour mission de le défendre à la barre, Rabah Karèche pourra compter sur la solidarité de plusieurs autres robes noires et journalistes qui se sont envolés hier à destination de Tamanrasset pour le soutenir. Une solidarité qui s’est exprimée depuis son incarcération à travers de nombreuses actions initiées en ce sens. <