La grande incertitude, en 2022, sera l’application ou non de la réduction des subventions qui, si elle est mise en œuvre, entraînera la liberté des prix des produits de large consommation actuellement subventionnés.
Par Khaled Remouche
La nouvelle année s’annonce semée d’incertitudes sur l’évolution du pouvoir d’achat, l’emploi et l’amélioration des revenus de la majorité de la population. La plus grande réside dans la mise en oeuvre de la réforme des subventions prévue par la loi de finances 2022.
Le Premier ministre Aïmène Benabderrahmane a affiché, devant un parterre de parlementaires, la résolution du gouvernement d’appliquer, en 2022, cette réduction du soutien de l’Etat aux prix des produits et services de large consommation tels que le lait, le pain, le sucre, l’huile, les produits raffinés, l’eau, le gaz et l’électricité. La question est de savoir si le mécanisme de ciblage des ménages à faibles revenus, sans lequel il est vain de s’attendre à l’application de ce changement, sera opérationnel en 2022.
Les rumeurs, elles, annoncent dès janvier prochain une augmentation des prix des carburants. Si c’est le cas, elle aura un effet boule de neige avec probablement une révision des tarifs des transports urbains. La seconde incertitude est la réaction de la population à cette mesure. Il se pourrait qu’au nom de la paix sociale, le gouvernement choisisse de temporiser et que, face aux résistances au changement, il fasse machine arrière. Car il est clair que si la décision est appliquée, elle frappera de plein fouet le pouvoir d’achat des couches moyennes. La réduction des subventions veut dire octroyer une aide financière aux ménages à revenus modestes et libérer les prix des produits subventionnés précités. Ce qui implique une augmentation importante des prix de ces produits et services. L’autre incertitude est si cette réforme sera progressive, c’est-à-dire étalée sur deux, trois ans, ou brutale. Mais au vu des dernières déclarations du Premier ministre, cette révision devrait se faire en douceur.
Hausse attendue des salaires
Au tableau rose, l’année 2022 verra la mise en œuvre, à partir de janvier, de la hausse des salaires en application de dispositions de la loi de finances 2022, à travers la baisse de l’Impôt sur le revenu global (IRG). Le gain de salaire pour la majorité des salariés est estimé entre 2 500 et 3 600 dinars. Le Chef de l’Etat a, également, décidé d’augmenter le point indiciaire. Cette mesure qui n’a pas été incluse dans la loi de finances 2022 touchera les fonctionnaires et, en particulier, les enseignants et le personnel de santé.
La presse rapporte que l’indice passera de 45 dinars à 65 dinars, soit une hausse comprise entre 4 000 dinars et 15 000 dinars. Cette information n’a pas été confirmée. Le Premier ministre avait déclaré à ce sujet que ces deux mesures permettraient une augmentation substantielle des salaires des travailleurs. Mais pour la majorité des salariés, ces augmentations ne compensent pas la perte importante du pouvoir d’achat enregistrée ces dernières années. D’autant que l’année 2021 a connu une forte inflation dont le taux annuel est passé à 9%. La tendance se maintient actuellement.
Les hausses importantes des prix pourraient se maintenir en 2022 quand on sait que le marché intérieur désorganisé favorise les flambées des prix et que l’inflation importée et la dévaluation continue du dinar sont parmi les principaux facteurs de ces hausses.
L’emploi, l’autre enjeu
En matière de lutte contre le chômage, conformément à une décision du chef de l’Etat, une allocation chômage est instituée pour les jeunes primo demandeurs. Elle sera sans doute appliquée en 2022. Son montant est fixé entre 10 000 et 14 000 dinars mensuellement et elle est destinée aux sans-emploi âgés entre 19 et 40 ans. Quant au chômage, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un taux de chômage à 14% en 2022 en raison des effets de la crise sanitaire. Un taux jamais atteint depuis au moins vingt ans.
L’état de l’emploi en Algérie sera certainement influencé, en 2022, par la dynamique économique et surtout par le traitement adéquat des difficultés financières des entreprises publiques et privées, impactées par la crise sanitaire. Il sera influencé également par la capacité de résistance du monde et de l’Algérie à la nouvelle vague Covid-19 et à la pertinence des mesures économiques décidées face à ce péril pour atténuer ses effets sur les entreprises et les ménages.