Par Mohamed Touileb
Boom ! La balle était au fond. L’enchaînement était superbe. L’équilibre parfait, le ballon bien touché et le gardien adverse, qui n’a pu que constater les dégâts d’une frappe limpide. Amir Sayoud venait de décanter une situation bien compliquée en catapultant le ballon dans la lucarne d’un Mouez Hassen, mystifié par le génie.
C’est en toute logique qu’il a été élu «homme du match» lors de la finale contre les Aigles de Carthage. Et pourtant, il n’y avait pas d’indicateurs concrets pour prédire que Sayoud brillera au plus vital des moments dans la compétition.
En effet, depuis les 64 minutes qu’il avait traversées sans briller, face au Soudan lors du premier match, Amir Sayoud n’a plus joué dans la Coupe arabe Fifa 2021 (30 novembre – 18 décembre) au Qatar. On pensait alors qu’il ne faisait plus partie des plans de Madjid Bougherra. Jusqu’à ce qu’il jaillisse du banc face à la Tunisie lors de la finale remportée samedi. Le reste, c’est son chirurgical pied gauche qui l’a écrit.
L’adresse de la gloire pour oublier la maladresse
Pourtant, il n’a pas semblé si inspiré que ça avant son but sensationnel à la 99e minute. Le numéro 8 de l’EN A’ avait presque tout raté. Toutefois, ceux qui le connaissent savent que son génie peut prendre le dessus à n’importe quel instant. Et le milieu offensif de 31 ans l’a confirmé en faisant parler son coup de patte. La démonstration est intervenue sur une réalisation qui a mis l’équipe nationale au-devant dans une finale qui attendait probablement qu’un Amir s’invite pour acter l’avènement.
C’est parti d’une remise judicieuse de Baghdad Bounedjah, Sayoud se décale face au but et enroule du soyeux pied gauche pour envoyer le cuir loin du portier Mouez à la gestuelle impuissante. Le tir était tout simplement hors de portée pour être détourné. Les filets ont fini par trembler face à la finesse et la précision de l’actuel sociétaire d’Al Tae’e (Arabie saoudite).
L’équipe avant tout
Avec cette tournure, le coaching de Madjid Bougherra devenait gagnant. Surtout quand on sait qu’il a su garder son poulain concentré dans le tournoi. Même s’il ne lui a pas donné beaucoup de temps de jeu. Toutefois, le chef de la barre technique Dz avait assuré, avant la demie contre le Qatar, qu’il «compte sur Amir (Sayoud) et il le sait d’ailleurs. Lors du dernier match (Maroc) je comptais le faire rentrer mais tactiquement c’était impossible. Mais c’est quelqu’un qui peut nous apporter sa petite touche technique sur les 30 derniers mètres et ses petites passes décisives».
Avant-hier, c’est de cette distance qu’il a fait sauter le verrou tunisien. L’ancien meneur de jeu du CR Belouizdad a su attendre son heure. Et le hasard ainsi que son talent ont fait qu’elle soit l’heure de gloire. Comme un symbole, il était présent aux côtés de son coach après la partie en conférence de presse : «C’est le meilleur scénario pour moi en tant que joueur, j’y ai beaucoup cru et j’ai continué à y croire. Il y a de grands joueurs en équipe d’Algérie, nous en sommes tous conscients. J’ai beaucoup appris auprès d’eux. C’est une victoire d’équipe avant tout», a-t-il lâché. Amir est royal !