Le comité des sages a été installé comme instance morale du Panel du dialogue et de la médiation. La mission de l’instance sera donc d’écouter les acteurs de la vie politique nationale, afin d’arriver à une démarche consensuelle de sortie de crise qui puisse permettre d’engager un processus de légitimation des instances du pouvoir, dans les plus brefs délais. Cette instance morale sera donc chargée de conforter la mission du Panel en «rupture totale avec le système», soulignent soigneusement ses promoteurs. La mission ambitieuse, et somme toute légitime, de ce comité sera évidemment confrontée à la dure réalité du terrain. L’intrusion de groupes d’étudiants durant l’installation du comité, avec le slogan fort significatif de «pas de dialogue avec la bande», augure de la difficulté de la tâche. Avec tout de même une satisfaction, une latitude de s’exprimer allégrement donnant de ce Panel une forme d’agora, où les Algériens pourront formuler, de façon directe, leurs opinions sur ce type d’initiative. Les jours prochains nous donneront à l’évidence davantage de nouveautés sur les atouts, mais aussi les limites d’une telle démarche. La crise politique qui agrippe fermement le pays – les difficultés de rapprochement le confirment aisément – n’est pas aisée à résorber. Les différentes positions semblent toujours inconciliables. Les défis des différentes initiatives du dialogue n’en seront que davantage compliqués. Le processus de légitimation des instances du pouvoir sera justement le plus grand défi auquel sera confronté l’Algérie dans les mois, voire les années, à venir. Il s’agira de réélire les instances et institutions qui auront à représenter les Algériens, régir et organiser la vie dans la cité. Il s’agira surtout de passer à une étape qualitative de la vie de la nation, où la justice et le droit seront maîtres et pas seulement sur un plan formel. Il s’agira de tourner véritablement la page d’une période détestable, une période dont les personnalités actuellement emprisonnées en sont l’expression la plus parlante.